Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Les femmes encore plus pénalisées

Quel système universel de retraites ?

À l’heure où Macron tente de nous imposer un système unique de retraites basé sur un système à points pour répondre aux besoins du capital, l’heure n’est plus à la défensive, à la préservation d’un système existant qui a déjà largement été dégradé par des contre-réformes passées, mais à l’offensive. Quel projet de système universel de retraites correspond réellement à nos besoins ? En quoi peut-il faire évoluer le rapport de forces ?  Comment le construire dans l’unité et l’opposer au patronat ? C’est à cette démarche que vous invite aujourd’hui Cerises, ce qui nous impose immédiatement de comprendre le pourquoi du choix d’un système à points, en quoi ce système rompt avec la logique de la retraite vue comme une continuité du salaire. Des fiches signalétiques (voir aussi ici), une table-ronde.

La logique d’un régime par points vise à ce que la pension reflète au plus près la somme des cotisations versées tout au long de la vie professionnelle. Et non plus comme actuellement les 25 meilleures années (régime général) ou les 6 derniers mois (fonction publique). Toutes les périodes non travaillées, les années à temps partiel et celles à bas salaires seront alors autant de manques à gagner pour la pension. En particulier les femmes, qui ont des carrières plus courtes en moyenne que les hommes du fait des interruptions liées aux enfants et qui sont très majoritaires dans l’emploi à temps partiel et à bas salaires seront mécaniquement pénalisées par la prise en compte de toute la carrière.

Les fonctionnaires le seront aussi, ce qui est reconnu par le projet Delevoye : il est donc prévu que les primes soient intégrées dans le calcul, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Mais rien ne garantit que leur intégration suffise : tout dépend de leur montant. Or, les femmes fonctionnaires perçoivent des primes significativement moins élevées que les hommes. Et dans de nombreux métiers féminins, il n’y en a pas. M. Delevoye reconnaît qu’il y aura des fonctionnaires pénalisé(es)…

Les conséquences négatives pour les femmes se vérifient lorsqu’on compare les pensions reçues dans les régimes complémentaires actuels (Agirc, Arrco, etc.) qui fonctionnent par points, et dans les régimes par annuités. Les pensions des femmes représentent entre 41 % et 61 % de celles des hommes dans les régimes par points, alors que ce ratio est compris entre 74 % et 90 % pour les régimes par annuités. Les inégalités entre femmes et hommes sont systématiquement plus fortes dans les premiers.

On ne doit pas compter sur les dispositifs de prise en compte des enfants pour corriger ces inégalités (pour une présentation détaillée, voir : Retraites, un projet régressif[1]). Enfin, concernant la pension de réversion (dont 90 % des bénéficiaires sont des femmes), outre un recul sur les conditions d’ouverture du droit, le projet acte une baisse[2] pour de nombreuses personnes aux pensions pourtant modestes.

Christiane Marty



[1] http://www.fondation-copernic.org/index.php/2019/08/04/retraites-un-projet-regressif/

[2] Id.

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