D’origine pueblo, jamaïcaine et mexicaine, cette jeune autrice publie un roman aux sources autobiographiques, qui résonne fort avec notre actualité. A travers près d’un demi siècle se décrit une tranche d’histoire américaine. Les mines grisoutées sont en friches, quand sur des terres ancestrales, on détrousse les « autochtones » de leurs terres, sous-sol et maisons au bénéfice des chemins de fer et des prospecteurs de minerais rares…
Luz et Lisette , deux cousines, font leur jeunesse dans cet entre deux, entre rêves et quotidien à survivre, entre famille et travail, entre solidarité locale et Diego parti sur les routes. « Pidre comprit soudain qu’il venait de pénétrer dans l’étrange univers du mythe blanc ». Un choc que les exactions du KuKluxKhan confirment par ses descentes contre les « Noirs ». Aux maltraitances dans le travail ou dans l’espace public, on comprend vite que dans ce pays « seule la vie de certains Blancs a de la valeur ». Terrible constat. Les manifestations du KKK balisent une drôle d’application de l’article 1 de la constitution.
Même la monnaie ne vaut pas pareil, pas mieux que le travail : l’argent mexicain ou indien ne vaut plus rien, décrètent les prospecteurs, pour détruire tout, ruiner et s’accaparer ce territoire perdu.
Ce roman donne aux femmes un rôle majeur. Le beau rôle. Et par delà des nœuds à l’estomac, la voix profondément humaine de quatre générations. A la résilience perpétuée.
Patrick Vassallo
Le territoire perdu, Kali Fajardo Anstine, Voix autochtones Seuil, 2025, 352 p., 23€
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