Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Les Citoyens et la démocratie

Beaucoup des analyses actuelles de la crise de la démocratie évoquent la crise de la représentation : les citoyens ne se sentent plus représentés par ceux qu’ils ont élus,  l’écart se creuse entre gouvernants et gouvernés, les premiers sont vus comme une caste éloignée des modes de vie et préoccupations des seconds ; la personnalisation du pouvoir l’emporte sur les objectifs et les projets, le raz des pâquerettes ou les bouts de trottoir plutôt que les grands récits qui pouvaient emporter l’adhésion. La démocratie reste trop une abstraction politique  contredite par la réalité des inégalités économiques et sociales, des discriminations, et des particularismes historiques, religieux et culturels… Participe à cette crise, à la fois comme cause et comme conséquence,  le développement des manifestations et de l’action directe comme Notre Dame des Landes, ou les Gilets Jaunes… leurs mobilisations et leurs réussites… Certes la société française est fragmentée et s’individualise chaque jour un peu plus, mais ce serait justement le rôle de la démocratie de faire lien et nation, ce qu’elle ne fait pas ou plus !

Une récente étude des débats à l’assemblée nationale enfonce le clou et confirme l’impression que nous en avons,  en montrant qu’il n’y a plus de débats à l’assemblée mais seulement des interventions lapidaires plus destinées aux followers qu’aux autres membres de l’assemblée ; le rapport  compare les débats à l’assemblée  à des combats de catch, qui, contrairement à la boxe, ne sont que spectacle ![1] Et rien ne prouve que l’élection des députés à la proportionnelle changerait beaucoup les choses !!

Une question se pose alors : la démocratie participative serait elle une solution à tous les maux de la démocratie représentative ? En quoi et comment ? Il y a quelques années (ou décennies ?) la démocratie participative nous avait paru une réponse possible ; qu’en est il aujourd’hui ?[2]

Les exemples du grand débat et de la convention citoyenne ont en effet été une désillusion quant à ce que E.Macron en a fait, (alors qu’un travail exemplaire avait été mené par les citoyens… mais on peut penser qu’il n’en a pas été tiré (loin de là) tout ce qu’ils pouvaient donner, ce qui a même discrédité ces modes de participation !

La participation pose en outre d’autres problèmes : d’une part l’institutionnalisation de toutes les initiatives leur coupe les ailes… Il n’y a qu’à voir le scepticisme qui a accueilli la proposition E.Macron d’un conseil national de la refondation.

D’autre part elle ne résout pas du tout la question de l’inégalité politique et des inégalités face à la politique puisque les absents restent absents et que ce sont les mêmes catégories sociales qui participaient aux scrutins qui s’investissent dans les  initiatives participatives.

Il me semble que c’est notre démocratie « parlementaire » devenue ultra présidentielle qui est en cause ; et qu’il manque une vraie fonction délibérative des élus qui mette les divergences en débat entre les citoyens mais dont il faut trouver les modalités, puisque l’assemblée ne le fait pas en son sein !

Bénédicte Goussault

[1] Enquête CEREMAP 2024
[2] Loic Blondiaux le nouvel esprit de la démocratie Le seuil 2008

Image : ©https://www.phototheque.org/

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Horizons d'émancipation

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