Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

L’éducation à la vie affective et sexuelle, un outil majeur de la lutte contre le patriarcat

Si en 2024 l’égalité entre les hommes et les femmes est un principe qui n’est quasi plus contesté en France (et qui est même revendiqué par le RN, mais nous ne sommes pas dupes !). C’est grâce à la ténacité des féministes, qui ne lâchent rien depuis de nombreuses années. Mais cette absence de contestation, cette pensée que l’égalité est une évidence se cogne fort contre la réalité : dans les faits, l’égalité, nous n’y sommes pas. D’une part les inégalités persistent à l’école, au travail, à la maison etc. D’autre part, les violences, instrument privilégié des tenants du patriarcat pour conserver leurs privilèges par la force, n’ont pas cessé.

La réalité sexiste en défaveur des femmes en 2024 c’est par exemple :

  • Les inégalités salariales : cette année c’est à partir du 8 novembre en fin d’après-midi que les femmes ont commencé à travailler gratuitement, en comparaison des hommes
  • Les inégalités domestiques : si l’écart de temps consacré aux tâches domestiques, dont l’éducation des enfants, s’est un peu réduit ces dernières années entre les hommes et les femmes c’est parce que celles-ci en font moins, pas parce que leurs conjoints en font plus…et pour en faire moins elles paient et exploitent d’autres femmes, plus pauvres et plus souvent racisées qu’elles
  • L’ampleur des violences qu’elles subissent, et la contestation de ces violences et de leur dénonciation ; quand les femmes dénoncent, souvent elles se retrouvent elles-mêmes accusées de mentir, de le faire pour nuire aux hommes…c’est ce sordide qui s’expose depuis plusieurs semaines au procès des auteurs des viols commis sur Gisèle Pénicot.

La conquête des droits et de l’égalité a un terrible revers : faire penser que l’égalité est acquise, que les femmes sont bien pénibles à toujours en vouloir plus, que si la société va mal c’est, entre autres, à cause des conquêtes du féminisme (en écrivant cela on n’oublie pas que les premiers/es à être mis/es en cause à tort sont les personnes exilées).

Mais alors, si l’égalité en droit ne suffit pas, comment faire pour aller vers l’égalité réelle ? Si les dénoncer ne suffit pas, comment faire pour mettre fin aux violences (la quasi-totalité des violences sexuelles sont perpétrées par des hommes, leurs victimes sont pour partie d’autres hommes et une large majorité de femmes) ? La société doit changer, et puisque les lois ne suffisent pas, que la répression a de nombreuses limites, c’est sur l’éducation qu’il faut miser pour y parvenir. Pour commencer il faut de la volonté politique et des moyens pour faire appliquer la loi actuelle, qui précise que chaque élève doit bénéficier de 3 séances annuelles d’éducation à la vie affective et sexuelle, des séances dont le contenu est adapté aux questionnements et besoins des différents âges. A 12 ou 13 ans on se pose peut-être moins la question de la prévention de grossesses non souhaitées ou du dépistage des Infections sexuellement transmissibles qu’à 16 ou 17 ans. Mais quand bien même la loi serait appliquée, quand bien même les adultes de demain auraient bénéficié de temps dans leur jeunesse pour réfléchir au consentement, aux normes imposées, au plaisir etc. comment résister à la pression patriarcale quand tout le reste de la société en est imprégné ?

Pour un véritable changement, pour que les hommes renoncent à leurs privilèges, pour la fin des inégalités et des violences, c’est tout au long de la vie que nous devrions bénéficier de temps pour nous informer, nous former et réfléchir sur les questions de vie affective et sexuelle.

Lydie Porée

Image : ©noustoutes.org

 

Cet article fait partie du dossier :

Horizons d'émancipation

Elles s’émancipent, nous nous émancipons ?

Samedi 23 novembre 2024, partout en France, les femmes manifesteront contre les violences sexistes et sexuelles, les violences sociales et violences d’État. Alors que l’égalité des ...
Partager sur :         
Retour en haut