L’eau est accaparée par les multinationales au détriment des besoins élémentaires des êtres vivants. Dans son discours sur « l’écologie à la française », Macron défend une écologie qui continue l’extractivisme des minerais pour nourrir les gigabatteries, qui contamine les eaux avec le glyphosate, taxe les plus exploité.es et mesure la sobriété en eau selon la logique du profit.
Que faire ?
Pour PEPS, la réponse à l’accaparement de l’eau passe par la reprise en main par les usagers eux-mêmes de la gestion de l’eau et sa démarchandisation.
Comment faire ?
Beaucoup de jeunes éprouvent un sentiment d’impuissance et souffrent d’écoanxiété ; iels cherchent une solution locale dans des lieux autonomes en eau et en énergie. PEPS soutient ces initiatives. Mais si ces expériences posent les perspectives d’une contre-société écologique et démocratique, elles sont insuffisantes face au pouvoir des multinationales de l’eau et du système capitaliste.
Un nouveau type de mobilisations citoyennes, ouvertes à toutes les forces sociales et à la combinaison des modes d’action se révèle efficace. Ainsi l’action des Soulèvements de la terre en soutien au collectif « Bassines Non Merci », ou contre le projet du Canal Seine Nord essaiment à l’international. Le partage de savoirs, à travers des festivals engagés comme à Grenoble, participe du combat idéologique.
La reprise en main de la gestion de l’eau passe par les expert.es de cette gestion, à savoir les salarié.e.s des multinationales eux-mêmes. Dans le secteur de l’eau, la défense des conditions de travail est corrélée à la qualité sanitaire proposée aux usager.es et à ses conséquences sur le vivant. Il relève à la fois du combat syndical et du combat écologique, et participe au développement de l’écosyndicalisme. C’est le cas de l’alerte lancée par Lyes Chouai, délégué syndical central CGT de la Sade, au sujet de la mort d’Amara Dioumassy sur un chantier qui vise à rendre l’eau de la Seine baignable pour les JO 2024, suite aux manquements à la sécurité et à une exigence de productivité délétère.
Des témoignages de salariés permettent aussi à la communauté des usagers de reprendre en main ses affaires et sa santé, et de participer à combattre les inégalités territoriales et sanitaires. Yannick Sevenou, chef d’équipe dans le nettoyage des réservoirs d’eau et délégué syndical CGT à Setha (Veolia) nous apprend que le nettoyage des cuves d’eau potable aux Lilas passe par l’usage en masse de la javel et que cette eau est ensuite déversée sans neutralisation, au risque de détruire le vivant alentours, ou que les matériaux utilisés dans les canalisations entre Paris et la banlieue ne sont pas de la même qualité et ne se dégradent pas à la même vitesse face au réchauffement climatique.
Ces exemples montrent l’expertise et la conscience sociale écologique de nombreux salarié.es du secteur de l’eau. Il serait possible d’organiser la gestion 100 % publique de l’eau en coopérative autogérée par les salarié.es et les usager.es pour répondre aux besoins du vivant, en France et à l’international, et non pour le profit des pilleurs d’eau. Des exemples de reprise en main sociale, écologique, par les travailleurs eux-mêmes, de leur outil de production existent, à l’exemple du collectif ex GKN en Italie. Ils méritent d’être étudiés dans le cadre du développement d’une écologie ouvrière riche en perspectives.
Inscrire l’eau comme bien commun dans la Constitution et rendre effectif son droit d’accès pour les classes populaires par la gratuité des mètres cubes indispensables à une vie digne serait aussi une mesure de justice.
Ces différentes pistes participent à la construction de nouveaux rapports de forces qui nous permettront de reprendre en main nos vies pour bâtir le monde d’après, écologique, démocratique et libéré des dominations du capitalisme.
Marjorie Keters pour PEPS
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