Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


Défendre les services publics de la culture ?

C’est la politique publique de la culture, mise en place en France après la seconde guerre mondiale, qui est visée par les dramatiques baisses budgétaires dans le secteur artistique et culturel. Porté par les courants néolibéraux, cet objectif est devenu explicite.

Les diminutions ou suppressions de subventions mettent en péril la survie des acteurs comme des organismes de la vie artistique et culturelle. Pour chacune et chacun, l’urgence de la survie est devenue une priorité.

Pour s’opposer à la politique en cours, des voies de mobilisation collective se cherchent. D’un côté, la brusque généralisation de la précarité a des effets de sidération qui peuvent provoquer des replis sur soi, paralyser. D’un autre côté elle peut agir comme un déclencheur d’action, voire un accélérateur.

Mais le poids de l’idéologie qui sous tend cette politique néolibérale est tel que des reculs, voire des annulations de mesures, éventuellement obtenus par des mobilisations, risquent de n’être que provisoires si ne sont pas réimposés les principes mêmes d’une politique publique de la culture.

La mise en cause de la politique publique de la culture n’a jamais été aussi directe et violente. On le voit, par exemple, dans l’argument formulé (en décembre 2025) par la présidente de la Région Pays de Loire pour justifier la suppression de subventions : « On est shooté à la dépense publique. L’ensemble des acteurs ont pris pour habitude que la subvention était acquise à vie. ».

Cette argumentation agit en deux directions complémentaires : d’une part, la subvention serait une « dépense » (donc un acte financier négatif, dont les autres [c’est-à-dire : vous] sont « privés ») et non pas un acte positif politiquement fondé ; d’autre part, on active la suspicion à l’égard des artistes et acteurs culturels et sociaux, désignés comme profiteurs, assistés, voire des gens malhonnêtes. Ce à quoi serait associé l’argent public, « notre argent ».

Par contagion, cela dévalorise ce que produisent ou à quoi contribuent les artistes et acteurs culturels : la culture, l’art.

On reconnaît la rhétorique populiste et d’extrême droite qui, en focalisant l’hostilité sur des catégories de personnes, fait disparaître le questionnement politique au profit d’un sentiment, la rancœur.

Depuis les années 1990, avec une accélération dans les années 2000, le ministère de la culture lui-même a entrepris une délégitimation de la politique publique de la culture, par exemple en réfutant la pertinence d’une différence entre secteur culturel public et secteur culturel privé (marchand). C’est-à-dire une distinction entre « intérêt général » et « intérêts privés », au fondement même de la politique publique. C’est en ce sens que les industries culturelles ont tenté et tentent d’imposer leur logique aux secteurs culturels.

Un levier essentiel pour pousser à assimiler privé et public, a été de rendre équivalents les mots « subvention » et « financement ». Pilier de toute politique publique, la subvention a été progressivement vidée de sa fonction de délégation de mission d’intérêt général (à celui qui la reçoit), pour devenir un simple acte de financement monétaire, donc vidé de toute responsabilité.

Est effacé, ainsi, le fait que l’attribution d’une subvention obéit à ces objectifs : mission de création, mission de démocratisation, indépendance par rapport aux attentes immédiates, abaissement du coût des places, non lucrativité. L’État étant le garant de ces conditions. Ce qui a été plutôt le cas, sauf exceptions, durant des décennies après la seconde guerre mondiale.

En contradiction avec ces principes, l’Administration culturelle a, notamment, récemment imposé aux organismes subventionnés de « trouver leur modèle économique ». C’est-à-dire de donner une place importante, voire majoritaire, aux financements privés, pour compenser l’accélération de la baisse des subventions. Celles-ci ne sont plus considérée que comme une « ressource » parmi d’autres. Ainsi on parle maintenant « d’hybridation des « ressources » où dominent des logiques privées.

C’est ainsi qu’une directrice d’établissement culturel a pu dire récemment « J’ai déjà 70 mécènes, qu’est-ce que je vais leur vendre maintenant ? ».

La rareté grandissante des « ressources » conduit à une généralisation progressive d’appels à des fonds privés. Ainsi, le « crowdfunding », jusque là prioritairement tourné vers les entreprises, fait de plus en plus appel, en raison de la « crise », à des personnes, c’est-à-dire au bon vouloir d’individus, à l’opposé d’une politique publique, fondée sur la volonté commune, sur la contribution collective.

En outre, en imposant un critère de remplissage des salles de spectacle, des expositions, etc., les différentes collectivités publiques obligent les organismes et associations culturels à se plier à l’urgence de la fréquentation instantanée.

Ils ne peuvent réellement consacrer le temps nécessaire à rechercher des publics, des spectateurs non familiers de la vie artistique et culturelle, ce qui s’oppose de fait, à une mission fondatrice de la politique publique de la culture : la démocratisation de la culture, la démocratie culturelle, les droits culturels.

Cette obligation de remplissage, évaluée par des critères administratifs, renforce une politique de « la demande » (satisfaire la demande préexistante) au lieu d’une politique de l’offre (proposer de découvrir des univers imaginaires inconnus).

Dans ce contexte, un réflexe de défense est d’argumenter sur le plan économique, par exemple, en rappelant que les activités culturelles contribuent bien plus au PIB français que la seule industrie automobile. Se limiter à l’intérêt économique c’est, alors, se justifier sur le terrain même de ceux qui imposent une logique de rentabilité économique de la culture, ceux qui contestent la politique publique de la culture. Cela revient à accepter et renforcer leur position.

A accepter de dire qu’un bon artiste, responsable, un bon militant culturel, doivent prioritairement répondre à un impératif économique. Affirmer une responsabilité artistique et culturelle serait, donc, irresponsable. C’est, pourtant, à partir de elle-ci que peut se fonder une responsabilité sociale.

Depuis une décennie, les collectivités publiques ont entrepris de conditionner quasi systématiquement l’attribution de subventions à des « appels à projets », limités dans leurs objectifs et des durées. Les acteurs culturels et artistiques ne disposent plus, ainsi, de temps pour développer une démarche culturelle, artistique ni sociale : l’urgence est de réaliser « le projet », de remplir ses conditions et de courir, en même temps, après les « financements » d’appels à projet suivants.

Le raccourcissement des durées, la multiplication des sources de subventions et de financements favorise l’imposition de critères artistiques sociaux, idéologiques, politiques. La liberté artistique s’en trouve de plus en plus encadrée, voire limitée. Se développe, en conséquence, une montée d’un climat de censure, voire d’autocensure, dont on constate les effets concrets. Il est favorisé par la généralisation d’une fragilité, d’une incertitude chez tous les acteurs de la vie artistique et culturelle.  Dans ces conditions, l’actuelle politique publique de la culture détruit ses fondements.

En outre, la généralisation de la « conditionnalité » de subventions, voire les censures, ont généré, chez des artistes et acteurs culturels un sentiment de perte de contrôle, de liberté. Se développe chez certains une méfiance, voire une défiance, à l’égard de l’État et des collectivités publiques. Elle va parfois jusqu’à mettre en cause la politique publique de la culture.

Il faudrait pouvoir rappeler que, historiquement, dans le cadre des politique publiques de la culture, les pouvoirs publics ont été plutôt, au-delà de problèmes historiquement et politiquement datés, les garants d’une liberté artistique, à l’inverse d’aujourd’hui.

Le danger serait que, oubliant ou rejetant l’histoire, les difficultés de la période actuelle soient plaquées sur « la » politique publique.

Il en va de la responsabilité des mouvements syndicaux, politiques pour revendiquer une politique publique de la culture respectant ses fondamentaux, comme cela l’a été dans l’histoire récente.

Il existe une difficulté. Elle réside dans l’affaiblissement, voire l’abandon progressif par les forces politiques et sociales, dans leurs programmes, depuis les années 1990, de la question de la politique publique de la culture.

Subsistent, certes, des préoccupations en termes de services publics, mais il s’agit là d’une vision de domaines séparés, qui se définissent par des activités distinctes. On défend, alors, les services publics plutôt que la politique publique.

De la même façon, on ne parle presque plus d’art, mais d’activités artistiques, le réduisant à des pratiques. On parlera de création culturelle plutôt que de création artistique : le mot art, perçu comme élitiste, est ainsi évité pour n’avoir plus à l’aborder.

Autrement dit, l’attention s’est portée sur une dimension pratique, plutôt revendicative, c’est-à-dire plutôt de type syndical que politique.

Bien sur, se battre pour des services publics est, bien évidemment une nécessité, une urgence au quotidien. Mais, à moyen ou long terme, seule une bataille politique pour la politique publique, donc pour ses principes, donnera une perspective : affirmer l’art, la vie artistique, la création artistique, la vie culturelle comme une valeurs sociales, indépendante de tout impératif de rentabilité économique, subventionnés au nom de l’intérêt général.

Si l’on veut repenser le fonctionnement et ses règles du secteur public, par exemple redéfinir ce que sont les institutions artistiques et culturelles ou déterminer les modalités du subventionnement, ce ne peut être que dans le cadre d’une pensée politique sur la politique publique et de l’intérêt général.

Cela inclura les rôles, fonctions et outils des collectivités publiques, dont l’État.

 La destruction de la politique publique de la culture est d’autant plus grave qu’elle accompagne une offensive de la droite et de l’extrême droite contre la liberté artistique, intellectuelle, scientifique. La menace est d’autant plus forte qu’elle est totalement affirmée, revendiquée. On le voit dans des Conseils régionaux, des Conseils départementaux, des municipalités.

Les refus de « financer » l’art contemporain se répandent. L’accusation de « wokisme » tend à se généraliser. On voit trop peu d’élus de gauche, sans doute par peur, véritablement s’opposer à cette montée frontale de ce qu’il faut bien nommer « fascisme ».

Il existe des initiatives de résistance, des manifestations d’opposition. Elles traduisent une attitude de type défensif face à un mouvement qui gagne du terrain. La question se pose : quelle mobilisation offensive, revendicatrice, affirmatrice de tous les principes fondateurs de la démocratie ?

simonot

Ecrivain et sociologue.

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C’est la politique publique de la culture, mise en place en France après la seconde guerre mondiale, qui est visée par les dramatiques baisses budgétaires dans le secteur artistique et culturel. Porté par les courants néolibéraux, cet objectif est devenu explicite.

Les diminutions ou suppressions de subventions mettent en péril la survie des acteurs comme des organismes de la vie artistique et culturelle. Pour chacune et chacun, l’urgence de la survie est devenue une priorité.

Pour s’opposer à la politique en cours, des voies de mobilisation collective se cherchent. D’un côté, la brusque généralisation de la précarité a des effets de sidération qui peuvent provoquer des replis sur soi, paralyser. D’un autre côté elle peut agir comme un déclencheur d’action, voire un accélérateur.

Mais le poids de l’idéologie qui sous tend cette politique néolibérale est tel que des reculs, voire des annulations de mesures, éventuellement obtenus par des mobilisations, risquent de n’être que provisoires si ne sont pas réimposés les principes mêmes d’une politique publique de la culture.

La mise en cause de la politique publique de la culture n’a jamais été aussi directe et violente. On le voit, par exemple, dans l’argument formulé (en décembre 2025) par la présidente de la Région Pays de Loire pour justifier la suppression de subventions : « On est shooté à la dépense publique. L’ensemble des acteurs ont pris pour habitude que la subvention était acquise à vie. ».

Cette argumentation agit en deux directions complémentaires : d’une part, la subvention serait une « dépense » (donc un acte financier négatif, dont les autres [c’est-à-dire : vous] sont « privés ») et non pas un acte positif politiquement fondé ; d’autre part, on active la suspicion à l’égard des artistes et acteurs culturels et sociaux, désignés comme profiteurs, assistés, voire des gens malhonnêtes. Ce à quoi serait associé l’argent public, « notre argent ».

Par contagion, cela dévalorise ce que produisent ou à quoi contribuent les artistes et acteurs culturels : la culture, l’art.

On reconnaît la rhétorique populiste et d’extrême droite qui, en focalisant l’hostilité sur des catégories de personnes, fait disparaître le questionnement politique au profit d’un sentiment, la rancœur.

Depuis les années 1990, avec une accélération dans les années 2000, le ministère de la culture lui-même a entrepris une délégitimation de la politique publique de la culture, par exemple en réfutant la pertinence d’une différence entre secteur culturel public et secteur culturel privé (marchand). C’est-à-dire une distinction entre « intérêt général » et « intérêts privés », au fondement même de la politique publique. C’est en ce sens que les industries culturelles ont tenté et tentent d’imposer leur logique aux secteurs culturels.

Un levier essentiel pour pousser à assimiler privé et public, a été de rendre équivalents les mots « subvention » et « financement ». Pilier de toute politique publique, la subvention a été progressivement vidée de sa fonction de délégation de mission d’intérêt général (à celui qui la reçoit), pour devenir un simple acte de financement monétaire, donc vidé de toute responsabilité.

Est effacé, ainsi, le fait que l’attribution d’une subvention obéit à ces objectifs : mission de création, mission de démocratisation, indépendance par rapport aux attentes immédiates, abaissement du coût des places, non lucrativité. L’État étant le garant de ces conditions. Ce qui a été plutôt le cas, sauf exceptions, durant des décennies après la seconde guerre mondiale.

En contradiction avec ces principes, l’Administration culturelle a, notamment, récemment imposé aux organismes subventionnés de « trouver leur modèle économique ». C’est-à-dire de donner une place importante, voire majoritaire, aux financements privés, pour compenser l’accélération de la baisse des subventions. Celles-ci ne sont plus considérée que comme une « ressource » parmi d’autres. Ainsi on parle maintenant « d’hybridation des « ressources » où dominent des logiques privées.

C’est ainsi qu’une directrice d’établissement culturel a pu dire récemment « J’ai déjà 70 mécènes, qu’est-ce que je vais leur vendre maintenant ? ».

La rareté grandissante des « ressources » conduit à une généralisation progressive d’appels à des fonds privés. Ainsi, le « crowdfunding », jusque là prioritairement tourné vers les entreprises, fait de plus en plus appel, en raison de la « crise », à des personnes, c’est-à-dire au bon vouloir d’individus, à l’opposé d’une politique publique, fondée sur la volonté commune, sur la contribution collective.

En outre, en imposant un critère de remplissage des salles de spectacle, des expositions, etc., les différentes collectivités publiques obligent les organismes et associations culturels à se plier à l’urgence de la fréquentation instantanée.

Ils ne peuvent réellement consacrer le temps nécessaire à rechercher des publics, des spectateurs non familiers de la vie artistique et culturelle, ce qui s’oppose de fait, à une mission fondatrice de la politique publique de la culture : la démocratisation de la culture, la démocratie culturelle, les droits culturels.

Cette obligation de remplissage, évaluée par des critères administratifs, renforce une politique de « la demande » (satisfaire la demande préexistante) au lieu d’une politique de l’offre (proposer de découvrir des univers imaginaires inconnus).

Dans ce contexte, un réflexe de défense est d’argumenter sur le plan économique, par exemple, en rappelant que les activités culturelles contribuent bien plus au PIB français que la seule industrie automobile. Se limiter à l’intérêt économique c’est, alors, se justifier sur le terrain même de ceux qui imposent une logique de rentabilité économique de la culture, ceux qui contestent la politique publique de la culture. Cela revient à accepter et renforcer leur position.

A accepter de dire qu’un bon artiste, responsable, un bon militant culturel, doivent prioritairement répondre à un impératif économique. Affirmer une responsabilité artistique et culturelle serait, donc, irresponsable. C’est, pourtant, à partir de elle-ci que peut se fonder une responsabilité sociale.

Depuis une décennie, les collectivités publiques ont entrepris de conditionner quasi systématiquement l’attribution de subventions à des « appels à projets », limités dans leurs objectifs et des durées. Les acteurs culturels et artistiques ne disposent plus, ainsi, de temps pour développer une démarche culturelle, artistique ni sociale : l’urgence est de réaliser « le projet », de remplir ses conditions et de courir, en même temps, après les « financements » d’appels à projet suivants.

Le raccourcissement des durées, la multiplication des sources de subventions et de financements favorise l’imposition de critères artistiques sociaux, idéologiques, politiques. La liberté artistique s’en trouve de plus en plus encadrée, voire limitée. Se développe, en conséquence, une montée d’un climat de censure, voire d’autocensure, dont on constate les effets concrets. Il est favorisé par la généralisation d’une fragilité, d’une incertitude chez tous les acteurs de la vie artistique et culturelle.  Dans ces conditions, l’actuelle politique publique de la culture détruit ses fondements.

En outre, la généralisation de la « conditionnalité » de subventions, voire les censures, ont généré, chez des artistes et acteurs culturels un sentiment de perte de contrôle, de liberté. Se développe chez certains une méfiance, voire une défiance, à l’égard de l’État et des collectivités publiques. Elle va parfois jusqu’à mettre en cause la politique publique de la culture.

Il faudrait pouvoir rappeler que, historiquement, dans le cadre des politique publiques de la culture, les pouvoirs publics ont été plutôt, au-delà de problèmes historiquement et politiquement datés, les garants d’une liberté artistique, à l’inverse d’aujourd’hui.

Le danger serait que, oubliant ou rejetant l’histoire, les difficultés de la période actuelle soient plaquées sur « la » politique publique.

Il en va de la responsabilité des mouvements syndicaux, politiques pour revendiquer une politique publique de la culture respectant ses fondamentaux, comme cela l’a été dans l’histoire récente.

Il existe une difficulté. Elle réside dans l’affaiblissement, voire l’abandon progressif par les forces politiques et sociales, dans leurs programmes, depuis les années 1990, de la question de la politique publique de la culture.

Subsistent, certes, des préoccupations en termes de services publics, mais il s’agit là d’une vision de domaines séparés, qui se définissent par des activités distinctes. On défend, alors, lesservices publics plutôt que la politique publique.

De la même façon, on ne parle presque plus d’art, mais d’activités artistiques, le réduisant à des pratiques. On parlera de création culturelle plutôt que de création artistique : le mot art, perçu comme élitiste, est ainsi évité pour n’avoir plus à l’aborder.

Autrement dit, l’attention s’est portée sur une dimension pratique, plutôt revendicative, c’est-à-dire plutôt de type syndical que politique.

Bien sur, se battre pour des services publics est, bien évidemment une nécessité, une urgence au quotidien. Mais, à moyen ou long terme, seule une bataille politique pour la politique publique, donc pour ses principes, donnera une perspective : affirmer l’art, la vie artistique, la création artistique, la vie culturelle comme une valeurs sociales, indépendante de tout impératif de rentabilité économique, subventionnés au nom de l’intérêt général.

Si l’on veut repenser le fonctionnement et ses règles du secteur public, par exemple redéfinir ce que sont les institutions artistiques et culturelles ou déterminer les modalités du subventionnement, ce ne peut être que dans le cadre d’une pensée politique sur la politique publique et de l’intérêt général.

Cela inclura les rôles, fonctions et outils des collectivités publiques, dont l’État.

 La destruction de la politique publique de la culture est d’autant plus grave qu’elle accompagne une offensive de la droite et de l’extrême droite contre la liberté artistique, intellectuelle, scientifique. La menace est d’autant plus forte qu’elle est totalement affirmée, revendiquée. On le voit dans des Conseils régionaux, des Conseils départementaux, des municipalités.

Les refus de « financer » l’art contemporain se répandent. L’accusation de « wokisme » tend à se généraliser. On voit trop peu d’élus de gauche, sans doute par peur, véritablement s’opposer à cette montée frontale de ce qu’il faut bien nommer « fascisme ».

Il existe des initiatives de résistance, des manifestations d’opposition. Elles traduisent une attitude de type défensif face à un mouvement qui gagne du terrain. La question se pose : quelle mobilisation offensive, revendicatrice, affirmatrice de tous les principes fondateurs de la démocratie ?

Michel Simonot

Sociologue et écrivain.

dernières publications :

La langue retournée de la culture. Éditions Excès.

Traverser la cendre. Ed. Espaces 34.

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