Nos grands dirigeants expliquent que la situation de notre pays serait catastrophique : déficit record, dette insupportable, budget impossible etc. Dans cette situation dramatique selon eux, une seule solution : réduire les dépenses.
Encore ? C’est ce qu’ont fait de plus en plus durement tous les gouvernements successifs depuis plusieurs décennies en rognant toujours plus sur les moyens des services publics, les dépenses sociales, les investissements pour l’avenir etc. Avec les résultats que l’on connaît.
En réalité les difficultés ne résultent pas d’un dérapage de nos dépenses publiques mais de la baisse des recettes liées aux aides et aux cadeaux fiscaux dont ont bénéficié, pour l’essentiel, les grandes entreprises.
Ainsi Michelin fait 3,4 milliards de profits en 2024 et annonce la suppression de 1200 emplois ainsi que la fermeture de ses usines de Vannes et Cholet. Entre 2020 et 2024, il a doublé les versements de dividendes aux actionnaires pour l’essentiel des fonds d’investissement et parmi eux, l’inévitable américain Black Rock, conseiller privilégié, et grassement rémunéré, de l’Élysée.
Plutôt que prendre des mesures d’austérité on peut arrêter les cadeaux aux entreprises et taxer les profits avant qu’ils deviennent dividendes et qu’ils partent.
Certes il est prévu une taxe homéopathique et très provisoire sur les supers profits, concession à une prise de conscience de l’opinion publique.
Mais pour aller plus loin, on se heurte aux fantasmes cultivés par les tenants du néolibéralisme : la France serait championne du monde des impôts donc on ne peut pas les augmenter.
Ils confondent impôts et cotisations sociales et évidemment si on compare avec les autres pays qui, pour l’essentiel, n’ont pas la sécurité sociale mais payent pour leur santé et leurs retraites directement aux assurances privées, quel sens a cette comparaison ?
Des impôts élevés, sur les très hauts revenus et les grosses fortunes ne constituent pas une catastrophe mais un fort niveau de redistribution des richesses. De manière solidaire on paie ses impôts selon ses moyens et on utilise les services et prestations publics selon ses besoins ! Ces acquis ont été un large facteur de développement de la société. La dépense publique n’est pas d’abord un coût mais participe à un cycle économique vertueux.
Les choix budgétaires sont des choix de société. Entre rupture avec le passé et poursuite du déclin, il n’y a pas d’espace même pour de l’eau tiède.
Alain Lacombe

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