Glissement de terrain

Fort d’Aubervilliers, ses jardins ouvriers de la plaine des vertus. Un patrimoine dont une partie des 7 ha est visée depuis des années par divers projets : il faut du logement social, des locaux et des bureaux pour financer les équipements publics…

Eve Charrin décrit cette lutte, les jardiniers divisés, dans l’indifférence des prolos locaux. Après Notre-Dame-des-Landes, avant l’A69 et Sainte-Soline, cette JAD (Jardins A Défendre) est une nouvelle résistance à la densification urbaine – nous sommes ici à un kilomètre du périph’ – , en plein réchauffement climatique entre le cirque Zingaro et la nouvelle station de la ligne 15.

L’auteure, journaliste, s’est entretenu avec les actrices et acteurs du projet, jardinier·e·s, décideurs, avocats… Une ténacité argumentée, peu relayée dans les institutions locales, tant cette piscine était attendue. Alors que Saint-Denis, ville voisine, aura sa piscine olympique sur le site de l’ancien centre de recherche gazier et qu’Aubervilliers est une des villes les moins végétales du pays…

Dommage que l’anticommunisme ( ?) résiduel de l’auteure lui fasse reprendre sans barguigner la thèse de Daeninckx sur l’alliance des communistes albertivillariens avec les gangsters. Sans dire un mot du système Lagarde et de l’UDI locale (parti de la nouvelle maire) dont les pratiques maffieuses intéressent la justice. Pas un mot non plus sur la loi JO qui spolie les autorités locales d’une partie de leurs prérogatives.

Nonobstant ces réserves, une lecture à ne pas rater.

Patrick Vassallo

Eve Charrin, Glissement de terrain, Editions Bayard récits, 2024, 240 pages, 19€