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Palestine et Kanaky, même combat pour le gouvernement français ?

Il ne s’agit évidemment pas de comparer les situations de Gaza et de Nouméa. C’est aussi ridicule et malsain que de vouloir hiérarchiser les morts des guerres en Palestine, en Ukraine, au Soudan, etc. Si nous traitons ici de la Kanaky et de la Palestine, c’est vis-à-vis de la politique de l’Etat français face au colonialisme et à ses conséquences. Dans les deux cas, la caractéristique principale est la négation publique du fait colonial ; dans les deux cas, elle s’accompagne d’un soutien actif aux colonisateurs.

Netanyahu est poursuivi par le Tribunal pénal international et ça n’empêche pas la France d’avoir des relations normalisées avec lui. Macron refuse de reconnaître l’Etat palestinien. Certes, il y a matière à interrogation : de quelle reconnaissance parle-t-on quand l’État en question est fragmenté, en ruine et occupé militairement, quand son autorité est décrédibilisée, quand il ne décide de rien à propos de ses frontières, de sa monnaie, de sa sécurité ? Un État sans droits. Mais dans le cadre du massacre perpétré par l’armée israélienne, il est aisé de comprendre le poids symbolique et les conséquences politiques possibles de telles reconnaissances. C’est bien pour cela que Macron s’y dit favorable mais « plus tard ». Quand cela ne servira à rien pour arrêter les massacres et le colonialisme israélien. En attendant, les affaires continuent ; grâce à la campagne unitaire Stop arming Israel, qui répond à l’appel des syndicats palestiniens, les entreprises israéliennes ne sont plus conviées au salon Eurosatory[1] … mais nombre d’entreprises françaises continuent de participer activement à la colonisation, et donc à la destruction de la population palestinienne, à la négation de ce pays.

La Nouvelle Calédonie est sur la liste des territoires à décoloniser établie par l’ONU. C’est d’ailleurs dans cette perspective que l’accord de Nouméa, en 1998, prévoyait un gel du corps électoral. Il ne s’agit pas d’organiser la démocratie bourgeoise française en Kanaky, mais de se doter d’outils permettant d’aller vers la décolonisation que la France impose aux Kanak depuis 172 ans. En décidant d’annuler cette disposition, après avoir ouvertement méprisé le peuple Kanak à l’occasion du referendum de décembre 2021, le gouvernement français a fait le nécessaire pour que la situation s’embrase. La réponse a été coloniale ; on défend la Nouvelle Calédonie, comme on défendait l’Algérie française : état d’urgence, envoi de l’armée, GIGN, RAID, arrestations, et des morts.

Mais la réponse de l’Etat français est aussi celle qu’il donne aux révoltes dans les quartiers populaires de l’hexagone. Au-delà du colonialisme, qui joue son rôle dans ces quartiers, c’est la cohérence d’une politique répressive à l’encontre des classes populaires. Une politique répressive, méprisante, niant et combattant la parole des opprimé∙es : à l’exemple de la contre-réforme des retraites au premier semestre 2023. Retraite, quartiers populaires, Kanaky, Palestine… c’est la démocratie ? Pas la nôtre.

Christian Mahieux


[1] Cette victoire symbolique est importante pour la dynamique populaire de soutien au peuple palestinien, mais elle n’a pas de conséquence sur les achats d’armes effectués par l’Etat israélien.

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