Le fascisme est la forme ultime du capitalisme. Et s’ils vont laisser ce monde en ruines, c’est justement sur ces ruines que les habitant.es du quartier d’Exarcheia à Athènes sont en train de construire un monde nouveau.
En juin 2019, Kyriakos Mitsotakis, président du mouvement fasciste nouvelle démocratie gagne les élections législatives contre Alexis Tsipras et proclame imminent le nettoyage de ce quartier surnommé « la forteresse » et annonçant des interventions policières drastiques « pour remettre de l’ordre ».
Un quartier devenu à partir de la fin des années 1970 un bastion des mouvances anarchistes et antifascistes grecques qui font la preuve que l’autogestion est non seulement possible mais souhaitable et indispensable pour faire vivre un monde nouveau. Pas de gens sans maisons, pas de maisons sans gens. De nombreux immeubles abandonnés y sont utilisés pour loger des migrant.es et tout celleux qui sont à la marge de cette société. Le Notara 26, le plus connu, est l’un des très nombreux squats où « on résiste et on vit ensemble ». Mais ce sont aussi des cantines solidaires, des bibliothèques, une école, des animations culturelles, des centres sociaux, des lieux de formation politique qui animent ce quartier emblématique et familial des luttes actuelles. Un quartier qui inspire également de nombreux.ses militant.es du monde entier qui viennent y rencontrer les habitant.es pour apporter un soutien et vivre cette utopie dans cet espace social libre. Une lutte sans frontière.
Dans ce film puissant qui suit depuis 2019 les luttes contre les violences policières, contre l’urbanisation de l’emblématique colline de Strefi ou encore contre la construction d’un métro sur la place principale du quartier, on rencontre celleux qui y vivent, rêvent, expérimentent et font ce que le monde de demain pourrait être. Et si les murs, leurs murs, un jour, tombent, les luttes resteront à jamais. Le chemin vers l’utopie s’écrit déjà là-bas.
Corine Lepage
Nous n’avons pas peur des ruines, Documentaire de Yanis Youlountas, 1h20
sortie janvier 2024
A lire également
Les invisibles
« Retour à Heillange »
Monsieur