Notes d'actu.

Notre récit d’un monde en mouvement.

Vers une société toujours plus autoritaire

La rentrée sociale est marquée par la mobilisation unitaire du 13 octobre. Et par la manifestation du 23 septembre contre la répression et les violences policières. Cette mobilisation qui fait suite aux violences policières du début de l’été, (on a encore pu voir avec quelle facilité un policier sort son arme) intervient dans un moment où la remise en cause des libertés atteint un niveau symbolique sans précédent ; dans les actions engagées par le pouvoir contre des journalistes, des photographes, des syndicalistes,… tous confronté-e-s à des procédures disciplinaires et judiciaires, perquisionnés.es, miss.es en garde à vue, convoqués.es par la gendarmerie…

Début septembre, Sébastien Menesplier, secrétaire général de la fédération des Mines et de l’Énergie CGT, membre du bureau confédéral a été convoqué par la gendarmerie pour répondre d’une coupure de courant ayant eu lieu dans la ville d’Olivier Dussopt. Si la répression syndicale n’est pas nouvelle – actuellement plus de 1000 syndiqués sont visé-e-s par des procédures pour faits de grève – la procédure engagée contre le secrétaire d’une des fédérations les plus engagées dans la bataille contre la contre-réforme des retraites, comme le nombre de salariés menacés, sont emblématiques de l’évolution du pouvoir vers une restriction croissante des libertés et des contre-pouvoirs s’opposant à sa politique. Dans le même temps Attac est convoqué devant le Parlement, des journalistes de Libération sont poursuivis pour avoir divulgué des faits graves faits par la police. Emblématiques et illustrant la violence d’une répression qui s’exerce au quotidien et se renforce à l’occasion des conflits sociaux.

Ce qui se joue lors des conflits éclaire ce que vivent au quotidien les salariés et démontre la violence qu’oppose le patronat comme les pouvoirs publics dès qu’il s’agit de reprendre la main sur le travail et sur sa vie. Une pression qui s’exerce aussi sur la cascade des sous-traitants qui caractérise aujourd’hui l’activité industrielle.

Chez les électriciens et gaziers, dans la culture comme dans l’histoire syndicale, la grève est l’occasion de « reprendre en main l’outil de travail », c’est-à-dire d’agir sur la fourniture, sur les tarifs, afin que la grève soit visible et à l’image de la mobilisation et de l’arrêt du travail. Or comme dans d’autres métiers, la nature même de l’activité interdit de tout arrêter, même pendant la grève. C’est par exemple le cas pour les personnels médicaux, c’est aussi le cas pour ceux qui assurent la continuité de la production et de la distribution de l’électricité, pour préserver la sécurité du réseau électrique. Lors de la grève, la question de sa visibilité se pose toujours, l’inventivité des salariés ouvrant toujours de nouvelles possibilités, coupures partielles, remise en courant par les Robins des bois, passage en heures-creuses,… Des actions qui sont de plus en plus assimilées à du terrorisme, à l’instar de tous ceux qui s’opposent aux projets du gouvernement.

Et cette résistance est de moins en moins supportable par un pouvoir en butte au rejet de son projet social et environnemental. D’ailleurs on peut se demander si le principal « reproche » fait au secrétaire CGT de l’énergie est d’avoir provoqué des coupures ou d’avoir fait de la sortie de l’énergie du marché un objectif. Et qui considère que rien ne doit s’opposer à ses projets, en particulier au sein des entreprises. Les différentes lois « travail » ont régulièrement retiré toute possibilité d’alternatives au sein des entreprises, enfermant le syndicalisme dans un dialogue social dont les termes et le contenu sont définis par le patronat et réduisent toute possibilité de peser réellement sur le travail lui-même.

Quand les mobilisations reposent explicitement cette question, quand elles s’affrontent à l’entreprise alors les menaces, les procédures, les gardes à vue où les licenciements sont là pour rappeler ce diktat !

Ce que vient rappeler cette attaque contre l’un des premiers dirigeants de la CGT, c’est que le capital n’acceptera pas que des corporations encore en capacité de résister de manière visible, exerce leur droit fondamental de grève autrement que de manière indolore, sans impact sur l’économie et la rentabilité du capital.

Olivier Frachon

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