Paul Rocher, commence par déconstruire un mythe : la police connaît une augmentation continue des sommes qui lui sont allouées depuis 1995, l’emprise policière s’étend sur la société française qui possède, par rapport à sa population, plus de policiers que n’en possédait en 1962 la…RDA. La police est surdimensionnée en France alors que la délinquance reste stable.
Paul Rocher montre que la police en tant que telle, représentée par des métiers et formant un groupe détaché du reste de la société n’a pas toujours existé et est même concomitante à l’installation du capitalisme en France. Sa professionnalisation rapide au cours de la 2nde moitié du XIXè siècle répond à la question du maintien de l’ordre, la nécessité de la surveillance et de la répression des quartiers populaires abritant « les classes dangereuses ». D’où aujourd’hui, pour l’auteur, l’institutionnalisation des discriminations racistes et sexistes au sein de la police.
L’auteur nous fait découvrir des expériences très intéressantes de contournement ou d’abolition de fait de la police par une auto-organisation populaire assurant l’ordre public et la sûreté, « une nouvelle gestion de conflits sans police [qui] ouvre concrètement de nouvelles possibilités de prise en charge collective des rapports conflictuels entre humains ».
Dans ce domaine aussi, l’alternative est là, présente au cœur des mouvements sociaux et politiques qui luttent contre les oppressions et les dominations, pour l’émancipation.
Un livre passionnant.
Christophe Lemasson
Que fait la police ? Et comment s’en passer, Paul Rocher, Éditions La fabrique, septembre 2022, 256 pages, 14 euros
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