Edito.

L’Humeur de la rédaction.

L’école que nous voulons…

N’est pas celle d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal ! 

L’école que nous voulons est indissociablement liée à la société que nous voulons. Une société démocratique, libérée des oppressions et de l’exploitation. Une société aux contours autogestionnaires où chacun, chacune se considère comme potentiellement acteur et actrice des décisions qui nous permettent de faire société ensemble. 

L’école doit préparer à cette société. Cela suppose que les orientations et les programmes du système éducatif soient démocratiquement définis, que les enseignant·e·s demeurent des concepteurs et conceptrices de leurs contenus, que le travail en équipe soit développé, que les élèves construisent leurs savoirs et leurs compétences de manière active et collective, dans le cadre d’une classe où on favorise l’entraide, la solidarité, la rencontre et l’émulation. Comme au travail où il faut reconstruire des  collectifs et remettre en cause la séparation entre conception et exécution, il faut permettre aux élèves de co-construire des savoirs essentiels leur permettant de s’émanciper. 

Aux antipodes de cette conception de l’école, Emmanuel Macron se considérant comme le grand Manitou de l’éducation entreprend d’en définir les orientations, instrumentalise l’école au service d’un projet de « re-civilisation » des jeunes révolté·e·s des banlieues, et explique aux enseignants comment ils doivent s’y prendre.  Dans son sillon, Gabriel Attal ministre de l’Éducation décide lui d’interdire l’abaya ! Voilà qui va résoudre les grands problèmes du système éducatif…

Casse de l’enseignement professionnel au profit de l’apprentissage, heures d’approfondissement pour les uns, heures de soutien pour les autres, vacances pour les uns, rentrée anticipée pour les autres, exclusion sous couvert de laïcité des élèves dont la tenue (et la religion supposée) ne convient pas, l’école à deux vitesses et l’école de l’exclusion se renforcent, les inégalités vont encore se creuser.  Et comme le pacte ne fonctionne pas (le fameux travailler plus pour gagner plus sous la coupe directe des chefs d’établissement) pour combler le manque d’enseignant·e·s, voici la solution :  les capsules pédagogiques projetées aux élèves sous la surveillance des AED (on réinvente les heures de permanence) ! Tout est prêt au CNED (enseignement à distance) nous dit-on. Bientôt le logiciel qui permettra les régulations en fonction des réponses des élèves… ah… ça existe déjà ? 

Le nouveau calendrier du bac avec un report des épreuves de spécialité est sans doute une bonne nouvelle, les enseignant·e·s  et les syndicats le demandent depuis 2019. 

Mais il faudra plus de victoires pour renverser la table et inverser la pente de la casse du système éducatif. Et pour construire un véritable rapport de force, il faudra bien se coltiner la question de quelle école pour quelle société. 

Sylvie Larue

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