Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Pour une politique du travail : Les Ateliers Travail & Démocratie veulent ouvrir le débat

Des syndicalistes, économistes et chercheur.eu.s ont lancé dans la dynamique du mouvement contre la contre-réforme des retraites un appel qui rencontre la réflexion que CERISES mène sur cette question. Une de ses représentantes a participé à notre table ronde. 

Cette tribune relève les slogans qui contestent le refus de « perdre sa vie à la gagner » (vieux slogan !) et s’ancre dans le refus du travail tel qu’il est organisé aujourd’hui. 

Ce ne sont donc pas seulement les conditions de travail que vise cet appel. C’est plus largement le sens même du travail, la raison de bosser qui n’a rien à voir avec “la valeur travail”, « cette morale de l’effort faisant abstraction des réalités concrètes du vécu au travail et de l’activité – une injonction culpabilisante à travailler davantage quelles que soient les conditions et les finalités du travail. » que Macron -et d’aucuns à gauche- tentent de remettre en avant. 

Parce que le « travail est devenu insoutenable », le texte pointe :

  • L’intensification du travail depuis trois décennies mise en évidence par les statistiques publiques et les sciences du travail » et relève combien « Partout la sous-traitance a complexifié l’activité, affaiblit les collectifs, entravé les échanges et la coopération indispensables au travail ». 
  • « Les accidents du travail <qui> se maintiennent à un niveau élevé, cette situation explique le développement exponentiel depuis les années 1990 de ce que l’on nomme – bien imparfaitement – les « risques psychosociaux » (RPS) ainsi que des troubles musculo-squelettiques (TMS), qui affectent plus particulièrement les femmes ». Et souligne qu’« Avec la Pologne et la Slovaquie, la France figure en 2021 parmi les trois pays de l’UE où la proportion de travailleurs et travailleuses ayant de bonnes conditions de travail est la plus faible. » 
  • Une étude récente de la Dares, selon laquelle « 37 % des salariés – et 41% des femmes – ne se sentent pas capables aujourd’hui de tenir jusqu’à la retraite, l’intensité du travail, le manque d’autonomie et l’absence de participation aux décisions étant les principales causes identifiées qui rendent leur travail insoutenable »

Les Ateliers Travail & Démocratie interrogent sur «  Ce que nous faisons concrètement au travail, c’est ce que les ergonomes ont appelé « le travail réel » par différenciation du « travail prescrit » ; ce que d’autres courants de recherche nomment « l’activité » ou « le travail vivant ». Travailler, c’est toujours se confronter à des questions inédites que le management ne peut jamais pleinement anticiper. »

Après avoir insisté sur le besoin de « réorienter » le travail en lui donnant du sens, en revalorisant son rôle social et sa capacité à faire lien entre les hommes et les femmes le texte invite « les forces du mouvement social et syndical à réunir nos forces et nos intelligences pour contribuer, ensemble à enquêter, expérimenter, échanger et débattre. » 

 Patrick Vassallo

  1. Mikaël Beatriz, « Quels facteurs influencent la capacité des salariés à faire le même travail jusqu’à la retraite ? », Dares Analyses n°17, mars 2023. 

    Ateliers Travail & Démocratie – Pour une enquête permanente 

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