Délicieux.

Articles courts à déguster à tout moment.

L’établi

Mathias Gokalp réalise un film à partir du livre de Robert Linhart, qui relate l’expérience de l’auteur, professeur de philosophie devenu ouvrier chez Citroën à la porte de Choisy quelques mois après mai 68. Robert Linhart fait partie de ces militants intellectuels marxistes-léninistes de la gauche prolétarienne qui ont choisi de travailler à l’usine pour aider à la remise en cause des rapports d’exploitation. Dans son livre, il décrit de manière très précise le travail dans l’usine, ce que ne parvient pas à faire totalement le film. 

Cependant, le film a le mérite de nous plonger dans ce contexte d’après 68, où le patronat a recherché rapidement à récupérer ce qu’il avait perdu à la suite du mouvement et des accords de Grenelle. Il nous montre les difficultés à construire la grève, y compris avec une CGT incarnée à l’écran par Olivier Gourmet prêtre ouvrier qui cependant s’impliquera en cours de mouvement, le travail militant qui consiste à partir de la réalité de la classe ouvrière avec les travailleurs et travailleuses immigré·e·s, la pression organisée par le syndicat maison, le mépris et le racisme des cadres. 

Swann Arlaud (Robert Linhart) campe un personnage attachant, déterminé dans son engagement politique, tourmenté par les risques que peuvent prendre ses camarades en s’engageant dans la grève, dès lors que lui-même ne s’expose pas aux mêmes risques. D’autres méritent aussi qu’on les cite Ali, Sacha, Primo, Boubakar… de belles personnes ! 

Enfin il nous faut un patron Junot, joué par Denis Podalydès, terrible manipulateur, excellent lui aussi dans son rôle.  

Allez voir le film et lisez le livre (ou l’inverse) si ce n’est déjà fait ! 

Sylvie Larue 

L’établi, Robert Linhart, Éditions de Minuit, Poche, 1981, 192 pages, 8 euros

L’établi, réalisé par Mathias Gokalp avec Swann Arlaud, Mélanie Thierry, Olivier Gourmet, Denis Podalydès

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