Edito.

L’Humeur de la rédaction.

Ce qui change et ouvre des portes

Les médias disent des auteurs de violences qu’ils « se radicalisent » ou qu’ils sont marqués du sceau de l’anticapitalisme. Cette entorse à la langue française est de l’intox. Se radicaliser ne veut pas dire être violents mais attaquer le mal à la racine. Par contre se radicaliser conduit effectivement à l’anticapitalisme. Et depuis quelques temps, le mouvement commence à mesurer que grèves et manifs ne suffisent pas et cherche un souffle nouveau en occupant des lieux symboliques du capitalisme : LVMH, ou des firmes qui visent à devenir des fonds de pension (BlackRock) privatisant la retraite… Tiens ? Macron disait bien que les marchés financiers demandaient sa réforme.

Un peuple conscient d’être indispensable à la société est en train de naître. Hier les indispensables étaient les « employeurs et investisseurs », aujourd’hui ce sont les éboueurs, les raffineurs, les cheminots, les soignants, les enseignants, les artistes… bref celles et ceux qui font la vie. La diversité des métiers et des situations ne se traduit plus par un émiettement des luttes mais au contraire par une conscience de former un ensemble. Elle s’accompagne d’exigences nouvelles : contenu et rémunération du travail, partage des richesses et reconnaissance du rôle de la personne dans la société.  Ainsi un antagonisme de classes apparaît prenant la place d’un clivage gauche-droite que le bilan des gauches des 40 dernières années a mis durablement à mal. L’absence de perspectives politiques n’est pas nouvelle et ne sera pas comblée par des constructions d’états-majors qui ont marqué les échecs passés.

La défiance envers les institutions dépasse l’affaire du 49-3 et touche les institutions dites représentatives, entendez : qui pensent et décident à notre place. L’exigence d’une vraie souveraineté populaire grandit. Le niveau des abstentions était déjà significatif et l’expérience récente est la goutte qui fait déborder le vase. 

Chacun de ces « bougers » peut devenir autant de points d’appuis pour chercher leur prolongement dans des mesures concrètes qui mettent à mal le système. La 6ème République ne viendra pas d’en haut mais de confrontations, de propositions nouvelles et d’expérimentations. Les mouvements peuvent devenir les lieux – et les forces – où se définissent et qui imposent de nouvelles règles de vie démocratique et des solutions qui s’en prennent à la domination de la finance. 

Pierre Zarka 

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