Jamais un président de la République n’avait montré autant de mépris pour la démocratie et les institutions, autant de mépris pour un mouvement social qui rejette avec force et vigueur un projet de loi inique sur les retraites. Après avoir dit sur toutes les chaînes d’info qu’ils n’utiliseraient pas le fameux 49-3, le gouvernement d’Élisabeth Borne est passé en force pour faire adopter sa loi. Il s’en est fallu que de 9 voix pour que ce gouvernement ne tombe sous le coup d’une motion de censure. Ainsi même si la légalité républicaine est respectée, la légitimité de Macron est vacillante. Au-delà c’est le système institutionnel qui apparaît nu et obsolète. Il est de plus en plus explicitement mis en cause et la difficulté pour la droite de constituer une majorité est un symptôme lourd. La colère des gens n’est que plus grande et recouvre de plus en plus l’ensemble du fonctionnement de la société. Macron lui-même met en cause le principe de la loi. Il revendique d’être au service des marchés financiers.
La rébellion nationale contre l’allongement du temps de travail affronte la dimension antidémocratique de la Ve République. 70% de la population dont 90% des actifs et actives rejettent le projet macronien. Sénat et Assemblée Nationale l’adoptent néanmoins, illustrant l’usure de la notion de « représentation » du peuple. Macron confirme laissant suinter sa peur “la foule qui manifeste n’a pas de légitimité face au peuple qui s’exprime à travers ses élus”. L’illégitime, c’est l’acte parlementaire échappant à la validation populaire. De fait, le mouvement populaire n’est pas que mouvement social.
Avancer désormais ? Favorisons le débat et l’intervention populaire quant à la démocratisation urgente des pratiques politiques. Il faut faire sauter tous les carcans qui font que le peuple n’est pas souverain. Les Gilets Jaunes ont avancé dans ce sens, proposant la mise en œuvre du Référendum d’Initiative Citoyenne. A n’être pas, tel le RIP, la chose du parlement, le RIC offre à tout·e citoyen.ne de proposer une ou des lois, d’en demander l’abrogation, de révoquer des élu·e·s, de modifier la Constitution. Il faut inventer les outils qui reconstruiront la citoyenneté populaire. En ce sens il faut mettre en débat le rôle et le statut des élu.e.s de la République. Resteront-elles-ils les « représentant·e·s » des citoyen·ne·s ou deviendront-elles-ils leurs délégué·e·s ?
Catherine Destom-Bottin, Daniel Rome
Je crois l’avoir déjà exprimé; je ne vois pas comment se passer d’un système représentatif dans une république qui compte 46millions de citoyens (inscrits). Peu à voir avec le système modèle type “Athènes VI/Vème S Av-JC” et ses 200.000 esclaves qui, eux , laissaient à leur maître le temps disponible pour s’occuper de l’intérêt général , c. à d. de leurs propres intérêts. Idem à ce jour…pour le mode représentatif, mais non pour 65 millions d’habitants.
Donc LA QUESTION est : Comment le dépasser puisque ce sont les contradictions qui font avancer l’Histoire. Le RIP semble une bonne voie à expérimenter en ce moment car nos concitoyens sont mobilisés et que ce mode de consultation IMPOSE de rouvrir les listes électorales. Les 4,6 (10%) sont réalisables. Il suffit (?) de soumettre le texte de la loi Macron…Dans un 1er temps. La campagne permettra de pousser la réflexion collective sur cette “juridiction” composée de “Sages” nommés par des dirigeants politiques. Indépendants? De qui ? Du peuple , oui. Du Pouvoir Exécutif ? Non. Trois de ces “Sages” viennent d’être nommés en Mars 2023, par Macron lui-même. Nos concitoyens vont découvrir ces questions d’ordre constitutionnel et mesurer l’ampleur de vraies réformes à réaliser.
Dans une République qui compte 46 millions de citoyens inscrits sur les listes électorales, il faudrait déjà commencer par y inscrire toutes celles et ceux qui font société et n’ont pas le doit de vote. Ensuite, avons-nous besoin de représentants ou de porte-parole? Les représentants revendiquent aujourd’hui le droit de ne pas tenir compte de l’avis du peuple. Est-ce démocratique? Nous devrions avoir le droit de remettre en cause leur mandat. Nous avons besoin de porte parole, pas de représentants qui s’arrogent le droit de nous dire que nous, le peuple, avons tort, et que eux les représentants ont raison.