Notes d'actu.

Notre récit d’un monde en mouvement.

Sont-ils vraiment raisonnables de s’enfermer dans l’autoritarisme ?

gray concrete towers under white clouds and blue sky during daytime

Trois jours après le conseil de politique nucléaire, tenu à huis clos à l’Élysée le 3 février 2023, le gouvernement décide le démantèlement de l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) et d’en fusionner une partie avec l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire). Autrement dit, il décide de la fusion de l’autorité chargée des décisions concernant les installations nucléaires françaises de toutes natures, avec l’instance d’expertise indépendante sous le prétexte de « fluidifier les processus d’examen technique et de prise de décision de l’ASN » en raison du « volume croissant d’activités lié à la relance de la filière nucléaire ».

Il s’agit là d’une nouvelle manifestation de l’autoritarisme du gouvernement : décider en dehors de toute consultation et toute concertation démocratique.

Les réactions négatives, les oppositions à cette décision sont nombreuses et importantes, les syndicats et les personnels qui manifestent, le Conseil d’Administration de l’IRSN, des scientifiques, jusqu’à, la Cour des Comptes qui mettait en garde en 2014…

Cette décision est préoccupante :

  • par la méthode : la culture de sûreté, sur laquelle se fonde la sécurité industrielle en particulier la sûreté nucléaire, se caractérise par la transparence, le débat et l’acceptation de la controverse, la circulation de l’information, la culture du doute… Des attributs loin d’être ceux des décisions du gouvernement !
  • sur le fond : l’organisation de la sûreté nucléaire française originale et reconnue internationalement, est une composante essentielle de la poursuite de l’exploitation des centrales existantes et de la construction de nouvelles centrales. Or, ce que projette le gouvernement, c’est d’en changer les principes : « Nous souhaitons mettre en place un modèle de gouvernance plus proche de celui qui prévaut dans la plupart des grands pays nucléaires ». Ce qui signifie notamment passer d’une approche déterministe (démontrer que dans les cas les plus pénalisants les systèmes de sauvegarde sont suffisants) à une approche probabiliste (montrer que les probabilités sont inférieures au seuil d’une situation accidentelle) !

Non, il n’est vraiment pas raisonnable d’imposer de telles décisions en dehors du débat contradictoire, de la confrontation des experts, des professionnels et des citoyens, et dans la transparence, des conditions pourtant indispensables à la sûreté !

Olivier Frachon

Partager sur :         
Retour en haut