La coopérative de débats.

L’espace où vous avez la parole.

Lettre à Frédérick Genevée

Garbage Cart on the Street

(J’adresse à Cerises ces remarques concernant les deux motions présentées au Congrès du PCF, qui me semblent susceptibles d’être “dépassées” sans exclure un débat qui risque d’être rude mais vital en raison de la sincérité des signataires guidés par un Commun.)

L’analyse très précise des 2 motions du Congrès du PCF m’a inspiré quelques remarques que je propose à F. Genevée. Même contradictoires, ces deux motions  me semblent “dépassables”.** Elles manifestent la poursuite d’une différence de fond, actuellement en débat qui ne date pas d’hier. La poursuite du débat, sans concession(s), dans le respect des arguments avancés et du commun objectif, doit rendre possible le dépassement de la réelle contradiction qu’elles recèlent ; savoir : poursuite d’une Social-démocratisation  cristallisée en 1981 ou remise en marche du Communisme.

Contradiction de fond, à mon sens, qui remonte donc à plusieurs décennies. Elle fait suite à une candidature unique où se dissout le Comunisme comme potentialité par le choix de l’Union pour l’Union. A mon sens, cette différence de fond remet en jeu LA question des rôles et rapports respectifs, de la masse des salariés, du rôle de ses “commis”, les  Parlementaires élus, et celle du Pouvoir d’Etat : Qui dirige le mouvement et qui met en forme la légalisation des revendications exprimées dans la rue, par ceux que cette masse a élu? Les cadres politiques n’ont aucune place en tête des cortèges, leur place est DANS le cortège, en soutien.  Car, à gauche, nous sommes bien d’accord sur ce point, c’est ” la rue”, la masse des salariés, grévistes ou non, qui maîtrisent le mouvement, non ses “commis”, vocable cher à Robespierre à qui JL M se réfère volontiers. Ce débat est aussi ancien qu’existe le système de la Démocratie. Pouvoir de légiférer, puis d’Exécuter. Ce, dans un cadre constitutionnel, mis en place pour conserver les Institutions d’un moment historique et mis en place par la classe au pouvoir au même moment. Il s’agit donc d’un cadre contraignant, auquel la Social-Démocratie (SD), par son essence même, consent à se plier ( “à s’adapter” ?). Je pense que le fond de ces deux textes, de leur confrontation, était déjà bien résumé dans une interview de Paul Laurent, signataire (initiateur?) de la motion alternative. Cette interview se lit dans le N° 58 de “Regards”, (Automne 2016) [En 2021 le rapport de Paul Laurent, Secrétaire National, avait été mis en minorité, à l’inverse de ce qui s’est passé pour “les Jours Heureux” de F. Roussel]. Interview menée par Catherine Tricot et Roger Martelli. Elle est centrée sur l’analyse de la période précédente (Sarkozy, Hollande) dans la perspective de la “présidentielle” de 2017. Nous sommes, en France, dans le cadre du Césarisme démocratique, cher aux français depuis 1796/97, à quoi s’ajoute la très longue pratique de la SD de la IIIème République où le règne des élus va jusqu’à ce constat : les slogans des candidats du Front Populaire étaient très en deçà des conquêtes arrachées deux mois plus tard et légalisées, ensuite, par les candidats une fois Elus. Nous savons que la SD est focalisée sur la prise du pouvoir d’Etat, à ses yeux suffisante, le peuple n’ayant qu’un rôle d’appoint ou de renfort, à l’action  parlementaire, devenue initiatrice, uniquement “sanctionnée” à intervalles périodiques, dans le court instant du dépôt du bulletin de vote. Sanction/punition (fréquente) ou approbation (plus rare) qui consolide délégation et négativisme, d’un mode d’expression politique qui devrait être, au contraire, destinée, à construire par l’expression populaire d’un projet POUR un objectif, un projet ; c’est exactement ce que firent les élections (césarisées) de 2001, 2008, 2012, 2017 et 2022.

Or, dans cette interview Paul Laurent, après avoir jugé nécéssaire la mise en cause de “la verticalité”, estime cependant (en 2016) que “la participation à la Gauche Plurielle était juste” (ce, malgré Robert Hue à 3% en 2002). J’ajoute que, comme l’immense majorité des adhérents et cadres du Parti, j’ai approuvé, en 1998, cette participation mortifère. Elle témoigne de la Social-Démocratisation (SD) du PCF, entamée en 81 et qui, à l’instar du PS, tenait désormais pour suffisante, la prise du Pouvoir d’Etat, avec un PCF non présent, noyé de surcroît, dans une majorité PS, empêtrée dans le conglomérat de ses divers courants.. Nous avons eu tort. Ce constat, cette évidence, doit être remise en lumière, pour examiner ces deux motions au moment où LA question communiste EST la seule alternative crédible au libéralisme, A LA CONDITION que les cadres politiques soient dans les manifs, NON à leur tête et manifestent ainsi leur volonté d’être porteurs, NON initiateurs, de la mise en forme légale * des revendications, surtout aujourd’hui où la contrainte négativiste [“voter contre”, au 2ème tour] a contribué à mettre en place un Gouvernement qui n’a le soutien que de 12% environ des inscrits, parmi 40% de votants, c’est à dire l’exact contraire de la Démocratie. Résultat: un RN banalisé,  sur fond de guerre dans une Europe d’oligarchies transnationales, qui, partout, suscitent le nationalisme du repli sur soi. Situation qui impose une présence (des) communiste(s) sur le terrain et dans les assemblées. Contradiction qu’il est vital de “dépasser”par le débat commun.

* En 1923, au terme d’une lutte quasi-centenaire des vignerons champenois, une loi entièrement rédigée par les vignerons eux-mêmes, fut votée à l’Asemblée Nationale telle que rédigée, à la virgule près. (Claudine et S. Wolikow. “Champagne ! Histoire inattendue”. 2012 )

** le vieillissement et/ou la réduction du nombre des militants, irremplaçables au cours des campagnes, frappe(ent) tous les anciens partis, inclus ceux, actuels, qui n’ont, dans leur diversité, quasi pas d’adhérents, hors ques activistes, au point de transformer le Parlement en un ring de Karaté verbal, devenu incapable de légiférer.  Dangereux.

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