A partir de mon expérience de maire, de militant politique à la fois dans un parti mais aussi dans des mouvements, je ne crois pas que la crise politique actuelle trouve sa source dans un problème de forme des partis. Les mouvements sont souvent moins formellement démocratiques que les partis. Les gens aux dernières élections ont plutôt voté pour des candidat-es issu-es de mouvement dont la démocratie interne n’est pas ce qu’il se fait de mieux, ni la capacité à élaborer des propositions avec les gens.
La crise politique actuelle est une crise de contenu, de capacité à faire vivre des actions, des propositions, des rassemblements utiles et en phase avec les enjeux du XXIe siècle. C’est d’abord notre incapacité collective à faire raisonner les enjeux climatiques et de classes de notre siècle avec les aspirations et difficultés des citoyennes et citoyens de notre pays. La crise des partis politiques et des mouvements est le reflet de cette incapacité. Anicet Lepors avait écrit un ouvrage intitulé: “Pendant la mue le serpent est aveugle”. Notre mue n’est pas finie.
Créons les conditions de disputes autour de grandes questions posées aux forces de la transformation sociale et écologique:
- Comment lutter contre les inégalités sociales tout en consommant moins de ressources ?
- Comment produire moins et autrement permet de baisser le temps de travail, d’ouvrir la possibilité de la déprolétarisation de la production pour redonner au producteur la maîtrise du mode de production, du sens de son travail, de l’organisation de celui-ci? Comment penser et agir pour changer les modes de production agricole et industriel pour s’inscrire dans le cycle de vie de la planète?
- Comment une société qui fait de la frugalité heureuse un moyen de repenser notre lien au vivant comme nos rapports entre humains nous inscrit dans un mouvement réel qui remet en cause toutes les dominations, économiques, sociales, de genre, ainsi que sur la nature. Cela ne nécessite-t-il pas l’appropriation sociale des moyens de production pour sortir des eaux glacées du calcul égoïstes? Celle-ci ne se traduisant pas seulement par une propriété d’État mais par de multiple expérimentation d’autogestion de régies publiques, de coopératives, des fonctions de l’État…
- Comment constituer des communautés humaines qui construisent des communs, qui n’opprime pas les désirs singuliers, qui aide les singularités à s’affirmer tout en générant un pouvoir d’agir collectif
Ce n’est pas la crise du/de la politique qui est une chance mais la prise de conscience de la nécessité de tout changer pour répondre aux enjeux sociaux et climatiques qui est une opportunité pour changer de braquet transformateur et concevoir la chose publique autrement.
Il n’y a pas de raccourcis organisationnels. Il n’y a pas de raccourcis avec le “faire avec” dans tous les sens du terme. Faire avec l’état de la société et des consciences pour les transformer. Faire avec nos difficultés organisationnelles pour les surmonter. Faire avec les gens dans une dynamique visant l’autogestion, l’auto-organisation au plus près du terrain. Cela n’est pas s’engager dans du spontanéisme, mais produire des idées, des propositions, créer les conditions de la dispute pour les réélaborer avec les gens, respecter les décisions prises sans pour autant cesser la lutte idéologique. Car lorsqu’une idée s’empare des masses….
Patrice Leclerc
merci Patrice
en ces temps de congrès malmené ça fait du bien de prendre du recul. Ce que tu décris, n’est-ce pas ce que devrait être le communisme? Qui pourrait s’appuyer sur le communisme déjà là et tout particulièrement sur les “réformes révolutionnaires à défendre (régime général de la Sécu et fonctionnaires?) Et sur celles à construire vite comme le droit de préemption des salariés en cas de vente de leur entreprise?
Sylvie Mayer