Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Que produire ? Comment ?

La construction du prix de marché de l’électricité

Les illustrations ci-dessous présentent la production d’électricité et le prix spot de l’électricité sur le marché français. On peut constater sur l’illustration de gauche que la production (toujours égale à la consommation) évolue en volume et en composition au cours du temps, en fonction de la consommation et des conditions de production. Chaque moyen de production possède des coûts de production et des fonctionnalités différents : l’électricité produite par l’éolien, le solaire, les barrages sur les fleuves est dite fatale ;si on ne l’utilise pas immédiatement elle est perdue. Les retenues hydrauliques, les centrales, nucléaires, à gaz ou au charbon peuvent être pilotées, c’est-à-dire que leur production peut être ajustée aux poin tes et aux creux de la consommation, l’ordre de leur appel étant celui de leurs coûts de production respectifs.

Avec l’introduction de la concurrence un dispositif extrêmement complexe a été mis en place pour déterminer les prix d’achat et de vente de l’électricité, et finalement les prix faits aux consommateurs. Ce dispositif, la bourse de l’électricité, est un lieu où se confrontent producteurs, “grossistes” et commercialisateurs aux particuliers. Les 2 gros acteurs, Engie et EDF (95% de la production), relevant des 3 domaines. La plupart des opérateurs sont essentiellement des traders, leur seule activité résidant dans l’achat/vente d’électricité !

Sur cette bourse la temporalité des contrats s’étend de l’immédiat (le marché “spot”, voire illustration ci-dessus) jusqu’à plusieurs mois voire plusieurs années. Afin de suppléer à d’éventuels défauts de fourniture d’électricité, existent aussi des marchés complémentaires de capacités de production, de réserves de secours… le tout visant à assurer la sécurité des réseaux électriques. Ce marché de l’électricité possède aussi un volet financier, les opérateurs devant  obtenir auprès du secteur bancaire et assurantiel la couverture financière de leurs opérations. 

Les prix fixés sur le marché spot reflètent le prix du dernier moyen de production appelé, donc le plus cher, aujourd’hui les moyens de production utilisant le gaz. Ce prix spot varie donc au cours du temps, en fonction du volume de la consommation (on peut constater qu’il est maximal quand les importations le sont, qu’il est minimal quand les exportations sont maximales) et des moyens de production appelés. La plupart des commercialisateurs, ne produisant pas d’électricité, achète l’électricité sur le marché, donc au prix de la production la plus chère, ce qui les conduit à augmenter leur prix ou à renoncer à vendre de l’électricité, parce qu’ils ne peuvent plus s’approvisionner ou parce qu’il est plus profitable de revendre leurs contrats sur le marché (éventuellement à l’opérateur historique qui aura repris leurs clients au tarif régulé) .

L’autre caractéristique du marché de l’électricité réside dans l’obligation faite à EDF de vendre ¼ de sa production nucléaire à ses concurrents au prix de 42 € le Mwh, inférieur à son coût de production. Il s’agit de l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH) mis en place en 2010 pour permettre à la concurrence de se développer sur un marché où l’électricité est produite à plus de 95% par deux opérateurs, EDF et Engie.

Dernière manipulation, les tarifs réglementés, autrefois basés sur les coûts de production d’EDF, sont maintenant calculés sur la base des prix d’accès à l’électricité des concurrents d’EDF, sur leurs coûts de fonctionnement en incluant leur marge, afin de leur permettre des offres plus faibles que le tarif ! En début d’année, pour limiter la hausse des prix, le gouvernement a augmenté le volume de l’ARENH, offrant plus d’électricité nucléaire aux concurrents d’EDF, ce qui revenait à limiter la hausse du tarif réglementé et des prix. La contrepartie étant qu’EDF a dû acheter sur le marché, à prix fort, les volumes correspondants pour assurer la fourniture de ses contrats et donc prendre en charge une partie du bouclier tarifaire décidé par le gouvernement. Alors qu’il aurait suffit, comme l’ont fait l’Espagne et le Portugal de sortir, au moins provisoirement du marché européen de l’électricité.

Olivier Frachon

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