Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Pour une transition énergétique, d’aujourd’hui à demain

Il va de soi, mais ça va mieux en l’écrivant, que les énergies sont des biens communs et ne devraient plus être source de profits à l’intention d’actionnaires.

C’est pourquoi, en parallèle de la mise en œuvre d’une sobriété partagée, un nouveau service public doit être à la manette de l’accès à l’électricité.
Celui-ci devra être pensé par une articulation d’intérêt général entre les acteurs citoyens de production d’électricité ancrés sur les territoires et un système de distribution garantissant l’égalité des territoires.

Les expérimentations citoyennes de l’économie sociale et solidaire permettent de tester concrètement la faisabilité d’un changement radical de la société, que ce soit dans le fonctionnement (démocratique) ou la finalité d’intérêt général de l’activité.

Celle d’Enercoop, société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), est à l’évidence l’aventure dont on peut tirer la meilleure expérience d’une alternative concrète face à l’urgence environnementale et sociale.  

Enercoop regroupe 25000 coopérateurs consommateurs d’électricité, 140 salariés et 28 producteurs.

La base de la démarche coopérative d’Enercoop repose à la fois sur l’engagement dans la transition écologique, via les énergies renouvelables, et la démocratie sociale, car les sociétaires, prenant les décisions stratégiques de la coopérative.

Enercoop a dû faire face, au printemps dernier, au risque de l’explosion de ses tarifs. Les dirigeants ont ainsi lancé le débat au sein de la communauté de l’entreprise afin de prendre les décisions, toutes et tous ensemble, en assemblée générale. Il a donc fallu faire participer 25000 coopérateurs aux échanges et aux décisions. Et grâce à une articulation entre outils numériques, la coopérative a réussi à trancher et à décider collectivement d’ouvrir temporairement à la production nucléaire d’électricité, afin d’éviter une explosion des prix. Cette décision peut paraître évidemment contradictoire aux valeurs de la coopérative, mais c’est 88% des citoyens sociétaires qui l’ont votée.

Ce qui démontre que la démocratie coopérative peut fonctionner avec des entreprises de grande taille !

Cela fait bientôt un siècle que la démarche a été engagée d’un service public partagé entre l’État et des entreprises « à forme mixte ». C’est en 1931 que Charles Gide, économiste et ancien dirigeant du mouvement coopératif, promouvait la création d’entreprises dans lesquelles le pouvoir est partagé entre l’État ou les collectivités, les travailleurs et les consommateurs ou usagers. Et Gide affirmait cette démarche comme alternative et en opposition au libéralisme économique, qui promeut la loi du marché. Ce qui n’empêche pas Macron et ses troupes d’envisager la renationalisation d’EDF, puisque la société est en difficulté. Ils pourront la reprivatiser lorsqu’elle sera de nouveau rentable !

Mais tout reste à faire, même si le nombre de SCIC a augmenté de 88% au cours des cinq dernières années, atteignant le nombre de 1200 entreprises et de plus de 13000 salariés…

Elles sont donc à ce jour le laboratoire privilégié pour mettre en œuvre une bifurcation écologique, sociale et démocratique.


François Longérinas

Administrateur de l’Union régionale des SCOP et des SCIC Ile-de-France/Centre/Val-de-Loire/DOM-TOM

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