Notes d'actu.

Notre récit d’un monde en mouvement.

Réquisitions sociales à Rennes

Les parents s’en mêlent

Une inter organisation très large s’est créée à Rennes, pour soutenir les migrants. Des squats ont été ouverts, année après année, montrant qu’il existait des lieux possibles à réquisitionner. La mairie de Rennes a été conduite à leur donner des moyens et a pris conscience que ces lieux de vie étaient à la fois moins coûteux et plus adaptés que les chambres d’hôtel qui interdisent la cuisine et le repos dans la journée. Elle a repris la gestion de certains de ces lieux, en a financé d’autres. 

Après ces occupations, la mairie a poussé des promoteurs immobiliers à signer des conventions avec une association, pour permettre l’hébergement de migrants durant les mois où des maisons restaient inoccupées. Il y a à présent plusieurs dizaines de ces maisons à Rennes et ses alentours, gérées en partie par les occupants, avec le soutien des militants de l’association, au prix d’un gros investissement d’énergie, et d’une aide matérielle de la mairie.

Chaque année cependant, il reste une ou des centaines personnes exilées sans hébergement. La préfecture ne loge qu’une partie des demandeurs d’asile, le 115 est saturé, les déboutés restent sur place. La concentration des démarches sur Rennes et le monstrueux retard du traitement des dossiers accentuent ce phénomène.

Le lieu d’hébergement inconditionnel revendiqué depuis longtemps par l’inter-orga n’ouvre pas. L’État reste sourd.

En 2021, la ville de Rennes contribuait à l’hébergement de 900 exilés et a refusé d’aller plus loin disant qu’aucune ville de France n’en faisait autant et renvoyant aux responsabilités de l’État. Elle a envoyé la police pour empêcher une nouvelle réquisition en octobre. Après une tempête, les éclaireurs de France et l’université ont logé près de 100 personnes, avec le soutien actif des associations.

La mairie a dû laisser occuper un gymnase en janvier 2022, qui a constitué un abri précaire où la surpopulation croissant de semaine en semaine (les services de l’état y adressaient les exilés !) a finalement rendu la cohabitation insoutenable, malgré une belle solidarité des parents en enseignants : laverie solidaire, soutien scolaire.

A l’été 2022, on retrouvait les campements « traditionnels » dans les parcs rennais. L’opération d’évacuation et de relogement menée par l’État a laissé la moitié des familles à la rue. Une occupation symbolique d’école par une association a permis d’obtenir le relogement d’une famille.

Les parents d’élèves ont su que certains des élèves de l’école de leurs enfants étaient sans toit. Soutenus par l’inter-orga, ils ont manifesté devant les écoles et occupé certaines d’entre elles, jusqu’à obtenir de l’académie d’y loger provisoirement les familles concernées, l’école continuant à fonctionner normalement. Ils ont constitué un collectif inter écoles (12 écoles et un collège) et ont été nombreux à participer aux manifestations dans la ville, ont formé des chaînes humaines devant les écoles, rencontré la presse, les élus. A Fougères, le collège a été occupé par le personnel qui a mis une famille géorgienne à l’abri pour obtenir son relogement.

Les familles à la rue et leurs enfants aussi sont très présents à chaque mouvement public. Cette entrée des parents dans la mobilisation pour des réquisitions, la présence des familles et des enfants ont permis un meilleur relais avec des élus et des média.

La lutte continue.

Marianne Coudroy

Partager sur :         
Retour en haut