Patrice Leclerc s’en prend à la notion : d’ascenseur social : « L’ascenseur social a à voir avec les dominations, […] on pense avoir réussi […] quand on est sorti des quartiers populaires. […] On veut vivre comme les dominants. […] La question peut se poser : […] qui va faire les métiers essentiels dans la société de demain, si l’ascenseur social c’est justement d’éviter de faire ces métiers essentiels. […] Cette notion […] nous empêche de penser revalorisation du salaire, de travailler à des rapports de production autres, retrouver du sens au travail y compris comme ouvrier, y compris comme cantonnier ».
Diangou Traoré partage les propos de Patrice : « Les métier essentiels […] ce sont les métiers, les travaux dont on a besoin dans la société. Comment donner meilleure lumière à ces métiers, et comment revaloriser leur salaire ? ».
Alexandre Grondeau : « Libéralisation … on donne l’impression d’autonomiser, de responsabiliser les gens, notamment dans les quartiers populaires, et en réalité, derrière, il s’agit de la même domination, la même exploitation que celle des décennies des siècles passés. En regard de cela je pense vraiment que le problème de la valorisation est fondamental.
[…] Si l’ascenseur social existe, honnêtement, il est quand même extrêmement bouché, et donc, pour le coup, de 2 choses l’une, soit le système est ainsi cela veut bien dire qu’il y a un intérêt à ce qu’il ne change pas, soit des choses sont entreprises, on échoue et on essaie de trouver d’autres solutions ».
Anne Rose Levan : « Justement les métiers essentiels agricoles, plutôt ruraux sont touchés par les mêmes problèmes de dévalorisation salariale, En Languedoc […] beaucoup d’agriculteurs ne parviennent pas à boucler les fins de mois, recourent au « RSA complément ». […] Ce sont des métiers manuels avec les mêmes soucis de santé,,, liés au vieillissement, aux carrières incomplètes […] comment se reconvertir, lorsqu’on peut plus exercer ce métier-là ».
Pour Patrick Vassallo, un des aspects les plus percutants […] de l’essai de Patrice, remet sérieusement question, tout un imaginaire politique notamment dans la mouvance communiste, et progressiste : « est-ce que la société idéale c’est de vivre comme les classes dominantes aujourd’hui. Et la crise climatique aujourd’hui, nous incite encore plus à remettre sur le chantier cette question-là. Je me souviens quand nous avions créé le manifeste pour une république socialiste fédérative avec les Mao, […] nous étions très très minoritaires là-dessus, y compris les potes qui étaient avec Badiou au Franc-Moisin à l’époque ».
Laurence Boffet : « Avec des salaires très bas […], une déconsidération sociale très importante, on en arrive à des contradictions et à des échecs et de toute manière ça va bouger, […] tout le monde veut remettre des policiers municipaux dans les rues, quand on ne les recrute pas, on se les pique entre collectivités. […] pareil pour les travailleurs sociaux, on se les pique entre structures ».
Alexandre Grondeau : «L’épisode du COVID nous indique que le monde souffre de quelque chose de l’ordre de l’urbaphobie […], cyclique dans l’histoire de la pensée urbaine […] la matérialité urbaine n’est pas criminogène. J’aime montrer à mes étudiants […] 2 grandes barres HLM, l’une au nord de Marseille, l’autre dans la banlieue de Bangalore, capitale des hautes technologies en Inde. Ces deux bâtiments sont identiques, construits à la même époque, par les mêmes multinationales… et pourtant, l’un est le symbole de pauvreté, cul-de-sac social, de la ghettoïsation, et l’autre est symbole de la réussite du cadre supérieur high-tech de Bangalore, qui rentre dans ce bâtiment, gage de réussite sociale ».
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