Le communisme a longtemps été une notion floue dans mon esprit. Enfant de militant·es communistes et de syndicalistes, ce n’est qu’en 2016, lors du mouvement de contestation contre la loi « travail », j’étais alors en classe de 1ère, que je commence à être politisé. Il fallut encore attendre mon entrée en licence de philosophie pour que je découvre véritablement le communisme au travers des écrits de Marx.
Bien loin des préjugés et lieux communs que j’avais pu entendre ou même étudier à l’école (et, de fait, plus ou moins intériorisés), c’est une pensée de la liberté que je rencontrais. Ce qu’est le communisme n’est pas ce qui s’est présenté historiquement sous cette appellation dans les régimes s’en réclamant tout au long du 20ème siècle. Il ne se réduit pas non plus à l’existence de partis politiques.
Le communisme n’est pas un projet, au sens d’une utopie, mais une visée : celle de l’abolition de toutes les classes, et par là des rapports de domination et d’exploitation que leurs existences impliquent ; mais aussi celle de la liberté, conçue comme la réduction du temps de travail permettant le libre développement de tous et de chacun de ses propres facultés.
Être communiste, ce n’est pas être membre de tel ou tel parti, c’est d’abord avoir un certain nombre d’opinions et de buts. Quels sont-ils ? Je passerai le détail des querelles intra-marxistes pour me contenter d’évoquer ce qui me semble être au fondement du communisme (tel que je le conçois du moins). Premièrement, la conviction que si nos sociétés sont injustes et inégalitaires, c’est en raison d’un antagonisme de classes (entre capitalistes et prolétaires), mais que ces sociétés peuvent, et doivent, être changées. Deuxièmement, que le communisme n’est pas un rêve, une utopie, une abstraction, mais une possibilité réelle rendue possible par le développement économique permettant la satisfaction des besoins de tous et toutes. C’est en fin de compte, l’appropriation des puissances économiques et des puissances politiques par la (ou les) classe dominée, c’est-à-dire la prise en main par chaque individu de sa propre société.
Toute lutte sociale à laquelle je participe me semble s’inscrire dans mon engagement communiste, dès lors qu’elle vise au changement radical de nos sociétés. Lorsque j’ai commencé à militer en 2016 contre la loi « travail », bien que je ne me revendiquais pas communiste, c’était rétrospectivement une lutte s’inscrivant dans cette visée puisqu’il s’agissait de s’opposer à la casse du code du travail, en bref contre la loi du capital.
Si aujourd’hui le communisme apparaît comme une « idéologie » du passé, sa visée reste cependant d’actualité. Alors même que nos droits sont en train d’être amoindris, ou le sont déjà, que l’âge de la retraite est toujours plus reculé, que le temps de travail légal (les 35 heures) est remis en question, que tous les droits acquis par de longues luttes passées sont menacés, le communisme tel que nous l’avons conçu est plus que nécessaire. C’est au final une conscience claire des rapports de classes, mais aussi des possibilités que notre société abrite (c’est-à-dire d’un monde où serait abolis les rapports de domination), dont nous avons absolument besoin au risque que la barbarie ne se fasse toujours plus barbare.
Lysandre Boitte
A lire également
Quid de l’organisation révolutionnaire ?
Le conflit pour faire démocratie
Rennes, une citoyenne à la mairie