par Alain Lacombe
La responsabilité du drame ukrainien, incombe en premier à Monsieur Poutine et ses acolytes, avides de puissance.
Mais les conséquences de cette guerre sont révélatrices des enjeux inter-impérialistes. La mondialisation capitaliste se caractérise par un haut niveau d’interpénétration des capitaux et des économies et en même temps, ces capitaux sont concurrents, les majors se disputent les marchés et le processus de concentration poursuit son œuvre inexorablement. Dans ce contexte, l’impérialisme occidental se voit contester son leadership par les impérialismes russe et chinois, en particulier les américains constatent que les marchés européens sont fortement dépendants de la Russie, notamment pour l’énergie.
Les sanctions, sont l’occasion pour les États Unis de tenter de récupérer entre autres, les marchés européens du gaz et du pétrole. Selon l’agence de consulting IHS, « la production américaine de pétrole est 2.5 fois plus importante qu’en 2008. Si bien que le pays est devenu le premier producteur mondial, devant la Russie et l’Arabie Saoudite. D’ici quelques années, il devrait même devenir exportateur net ».
Un objectif cynique ignorant de l’urgence climatique, d’autant qu’américains et russes augmentent leur production avec le pétrole et aussi le gaz de schiste particulièrement polluants.
Pour cela, Biden peut compter sur Macron : au sommet de Versailles, après avoir célébré « l’impératif de la souveraineté européenne, sa nécessaire autonomie stratégique », le président de l’Europe a en même temps annoncé d’énormes investissements publics pour créer de nouvelles infrastructures d’accueil pour le gaz et le pétrole. Curieuse conception de l’autonomie stratégique…
Mais ce n’est pas si simple, l’Allemagne a, la première, déclaré qu’elle ne peut pas se passer de l’énergie fournie par la Russie et Total refuse de renoncer au retour de profit sur ses gros investissements russes pour laisser le champ libre à ses concurrents étasuniens. La guerre économique est impitoyable.
Et oui, le monde capitaliste est un grand marché où la concurrence est libre et non faussée ; les grands dirigeants politiques du libéralisme ne maîtrisent pas sa fuite en avant. En cause cette contradiction fondamentale du capitalisme entre l’intérêt global et même géopolitique (macroéconomie) et les intérêts particuliers des actionnaires (microéconomie), contradiction exacerbée par la mondialisation galopante. Et ce monde est de plus en plus dangereux, polluant et explosif.
La guerre en Ukraine tombe bien pour relancer la course aux armements. L’Allemagne, jusque-là réticente, et ça ne lui a pas trop mal réussi, annonce un budget de 100 milliards d’euros pour le militaire, A Versailles, Macron a invité les États Européens à monter leur budget de défense à 2%, celui de la Chine est annoncé en hausse de 7% …
Les marchands d’armes se frottent les mains et nos grands dirigeants pensent que cela favorisera la relance de nos économies en mal de croissance génératrice de profit. Ils ont sans doute appris en première année d’économie que la guerre est une solution pour résoudre les crises cycliques du capitalisme.
Et ils ont oublié cette pensée d’Albert Camus : « La paix est le seul combat qui vaille d’être mené ».
Alain Lacombe
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