Edito.

L’Humeur de la rédaction.

Et si on inventait la gauche ?

L’air médiatique et repris par tant de forces qui se veulent radicales est à penser que l’actualité se partage entre la pandémie et les numéros de Zemmour. A partir de ce fait réel, se construit une analyse de la situation politique. Mais est-ce là toute la situation ?

Rarement la déconnexion entre ce qui fait officiellement ambiance politique et tréfonds de la société n’aura été si profond. Notons que sorti des enceintes militantes la passion pour la période électorale n’est pas au rendez-vous. Dépolitisation ?  Le mois de décembre avant d’être celui des fêtes a été la manifestation que la colère populaire est toujours là : reprises de Gilets Jaunes, mouvement à la SNCF et chez les juges et les avocats. Arrêtons-nous sur ces derniers. Justement parce qu’ils ne font pas partie des plus pauvres. Ils mettent en cause- comme à l’hôpital- des restrictions budgétaires telles qu’ils sont débordés. Une juge évoquait des journées de plus de 12 heures avec le risque de bâcler son travail et de multiplier les erreurs. Que des chirurgiens tiennent le même propos dit que le fossé n’est pas entre les salariés » du bas de l’échelle » et des « nantis sans précision » mais bien entre tout ce qui fait société et les tenants du CAC 40 qui pillent les richesses.

La presse et les médias ont « oublié » de parler de la grève générale du 16 décembre en Italie provoquée par une réduction d’impôts sur les fortunes, de la multiplication des mouvements sociaux aux USA, des centaines de milliers de berlinois voulant déposséder les promoteurs immobiliers de leur mainmise sur les logements, des mouvements en Grèce, en Autriche, en Serbie, en Kanaky, Guadeloupe…Quant à la victoire du nouveau Président du Chili, elle est réduite à son anti-Pinochet sans guère plus de précisions.

La quête d’une autre vie est largement partagée. Qui y répond ?

Peut-être faut-il interroger les critères par lesquels on définit les possibles. Courir derrière Zemmour, c’est l’impuissance annoncée. Plutôt que de réduire les participant/es de ces mouvements à un électorat potentiel, leur proposer de travailler aux réponses, de voir ce qu’ils ont en commun et qu’ils deviennent le centre de gravité où s’élabore ce qui doit changer et comment, serait ouvrir un nouvel espace politique Peut-être vaut-il mieux penser que les « simples » gens en sont capables. Couper l’herbe sous les pieds de l’extrême-droite passe par là.

l P. Zarka

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