À l’automne 1970, un scandale secoue la Réunion : alors que l’avortement est un “crime“, des milliers de femmes ont été avortées contre leur gré, aux frais de la Sécurité sociale, dans le sillage d’une campagne d’Etat associant “démographie” et “impossible développement“…
Quelques mois plus tard, le 5 avril 1971, le Nouvel Observateur publie un manifeste de 343 femmes proclamant “l’avortement libre et gratuit” comme “l’exigence la plus élémentaire “, assimilant “corps des femmes” et “corps des esclaves” à une même “condition“, oublieuse du corps des femmes en situation coloniale soumis au traitement inverse.
Qu’est-ce qui a rendu possible cette cécité d’un féminisme “universaliste” ?
Françoise Vergès nous entraîne dans une poignante enquête socio-historique au terme de laquelle l’utilité d’un féminisme décolonial,pour armer théoriquement le combat contre toutes les formes de domination, apparaît comme une évidence.
Françoise Vergès, Le ventre des femmes, capitalisme, racialisation, féminisme, Albin Michel (2017),240 p., 20 €
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