Depuis plusieurs années le Cidefe (centre de formation des élus (es) communistes et républicains) organise à Avignon, vers la 2e semaine du festival les rencontres d’Avignon.
Indépendantes des journées du PCF (qui se tiennent en 1e semaine), elles sont une initiative unique, singulière et d’une assez bonne qualité. Après la dernière édition de ce mandat municipal, tentons quelques regards.
Les rencontres ont l’immense mérite de réunir des élus(es) pas toujours en responsabilité sur la culture, et quelques techniciens(es) avec des « sachants(es) » dans un esprit réel d’ouverture, d’échanges et de travail partagé. Et des formes d’organisation qui invitent chacun(e) à « sortir de son référentiel ».
Ces Rencontres permettent aussi à des camarades d’assister à quelques spectacles, ce qui crée une fluctuation dans la participation de certains(es) inscrits(es)…
Souvent l’actualité a rattrapé le programme envisagé et ce temps où les élus(es) présents(es) lèvent le nez de leur guidon est précieux. On se félicitera donc de ce remuement de neurones. «Rien sur nous sans nous» affichait donc la session 2019. Avec des invités(es) qui ont poussé le débat : Jean-Pierre Chrétien-Goni, maître de conférences au CNAM, directeur artistique de l’espace de création partagée Le Vent se lève (75) , Gustave Massiah, ingénieur, membre du Conseil international du Forum social mondial, membre du conseil scientifique d’ATTAC, Christiane Vollaire, philosophe « de terrain », Catherine Lecoq, comédienne, Christine Delory-Momberger, professeure en sciences de l’éducation, fondatrice de l’Université Ouverte du Sujet dans la Cité, Patricia Bikondi, maire-adjointe de Sarran.
La gravité de la situation politique générale, l’incertitude liée aux municipales n’ont pas permis l’élaboration de quelques pistes concrètes à faire fructifier une fois rentrés dans nos terres. Cette édition aura cependant été plus « tendue » que d’habitude. Inquiétudes face aux prochaines élections ? Crispation « identitaire » des membres du Pcf, suite au dernier congrès, particulièrement sensible dans la séance de clôture ? Le bilan culturel des municipalités à direction communiste, la richesse de bien des propositions, le sort fait aux droits culturels, bien des innovations pourraient permettre de dépasser des appels incantatoires ou des replis pleins d’amertume. La situation y invite. Et on ne maintiendra une politique culturelle et les moyens qui lui sont nécessaires dans nos territoires si nous ne construisons pas des propositions vivantes, articulées sur le réel et enthousiasmantes.
L’une des ambitions des dernières Rencontres étaient d’ancrer ce temps avec les acteurs avignonnais. A l’instar d’autres initiatives qui se tiennent à Avignon pendant le festival, ceci reste un défi. Pourtant la programmation de la bourse du travail CGT, ou les débats (plus « professionnels ») du cloître Saint-Louis montrent cette rencontre-là possible. Et riche malgré toutes les limites.
Autre question : comment ces rencontres peuvent-elles dépasser le cadre communal et intégrer les enjeux dans le champ de la culture posés à la gauche radicale, aussi en région ou en département ?
La séance finale, au cinéma Utopia, avec un film et un débat avec ses auteurs, est une belle illustration de ce possible. La présentation en avant-première du film-documentaire « Midnight Traveler », d’Hassan Fazili et Emelie Mahdavian a été un moment de grande intelligence et d’humanité partagée avec des « locaux ». Un film de/sur des migrants(es) qui nous plonge au cœur d’une actualité terrible. Parce que rien de ce qui est humain n’est hors champs de la culture.
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