Edito.

L’Humeur de la rédaction.

Dans l’air du temps

D’un côté, une ambiance d’impasse, d’effondrement. L’agression israélienne et des USA qui veulent mettre l’Iran au pas aggrave l’angoisse. De l’autre, des luttes traversent la planète, hors du champ institutionnel et de la politique traditionnelle : en Serbie, aux USA en passant par le Chili, l’Espagne et surtout le soutien désormais international au peuple palestinien. En Angleterre, aux Pays Bas, en Belgique, des foules exigent que les gouvernements agissent pour qu’Israël arrête la guerre. En France, en plus des manifs, l’enthousiasme des supporters du PSG s’est exprimé dans plusieurs villes avec les couleurs du peuple palestinien. D’innombrables personnes exigent des états qu’ils cessent toute aide au gouvernement israélien et prennent des sanctions à son égard. Le gouvernement français a été amené à censurer la fanfaronnade militaire d’Israël au salon du Bourget. L’agression contre l’Iran peut être une effroyable diversion :  ce que le régime iranien a de détestable sert d’alibi pour désigner les arabes comme dangereux. Israël et USA cherchent refuge dans les risques d’une déflagration. Les forces politiques de progrès sont-elles au niveau ?

Il n’empêche que, vieux soixante-huitard, je repense au rôle de catalyseur joué par le peuple vietnamien face aux USA, le mouvement des noirs américains et les peuples en lutte contre la colonisation ; chacun de ces mouvements, comme celui pour la Palestine, avait certes ses limites mais ce qui joue le rôle premier c’est l’identification à un peuple, dont la cause ne s’enferme pas dans un appareil ni dans une institution. Il y a une double identification : par le refus de la loi du plus fort et par l’image de celles et ceux qui n’ont rien mais qui prennent leur sort à bras le corps. En ce sens, la Palestine parle aussi de nous.

Trait de notre temps, ce qui bouge se construit en dehors de l’espace institutionnel : les printemps arabes en 2010, les Indignés, les Nuits debout, les Gilets Jaunes, les luttes des femmes, le mouvement sur les retraites, l’écologie… Là encore, les forces qui se réclament de l’alternative sont interpellées. La prochaine étape est-elle que ces mouvements entrent dans la sphère politique telle qu’elle est ? Ou pour dégager celle-ci de l’enfermement institutionnel où elle se meure ?  A l’image des banlieues qui se déversent dans les rues, on ne veut plus être « en dehors » mais centre de gravité autour duquel tout se passe. N’y a-t-il pas là, en germes, un renversement copernicien de la politique où Mme et Mr N’importe Qui, devient acteur/rice principal/e de la transformation radicale du monde?

Pierre Zarka

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