De mes cours d’histoire et de géographie, je garde le souvenir d’une présentation du remembrement comme un progrès dans le domaine agricole, pour les paysans qui peinaient moins en cultivant des parcelles plus grandes, et gagnaient plus en améliorant les rendements. A peine si je percevais les conséquences sur le plan écologique de la disparition des haies.
Exit les expropriations, les bulldozers qui arrachaient les arbres, les divisions entre les propriétaires et les villages. Exit aussi les luttes de celles et ceux qui se sont révolté·e·s contre « le plus grand plan social du 20eme siècle au mépris des habitants et du vivant ».
Après Algues vertes, l’histoire interdite, Inès Léraud et Pierre Van Hove racontent la vraie histoire du remembrement, dont nous constatons aujourd’hui les conséquences écologiques et sociales. De nombreux témoignages, des articles de la presse locale et régionale, c’est une enquête de terrain de plusieurs années qui nourrit cette bande dessinée tout aussi intéressante que la première.
Cet aspect de la lutte de classe a quelque peu disparu de notre imaginaire collectif. En racontant les révoltes paysannes de l’époque, Inès Léraud et Pierre Van Hove nous rappellent que les Trente glorieuses ne l’ont pas été pour tout le monde…
Sylvie Larue
Champs de bataille, l’histoire enfouie du remembrement, Inès Léraud et Pierre Van Hove, Éditions Delcourt, Octobre 2024, 150 pages (sans les annexes) 23,75 €
A lire également
Les invisibles
« Retour à Heillange »
Monsieur