Trop peu disponible en français, T. Ingold est l’un des anthropologues contemporains les plus marquants , cultivant une approche singulière et l’inclusive des humains au sein de l’ensemble des interrelations des vivants caractérisés par leurs activités spécifiques. Ce manifeste appelle à renouveler nos modes de faire par une respons(h)abilité mettant fin à l’extériorité des humains dans le(ur) monde en abordant frontalement la dimension temporelle de tout vivant, déniée dans le présentisme dominant où la dissolution et instrumentalisation du passé et du futur constituent une négation mortifère de notre historicité. Or, le présent, temps concret de conscience et d’exercice de notre activité, est une suite d’instants fugaces quasi insaisissables mais d’une épaisseur incommensurable où se (re)jouent en permanence les articulations toujours recommencées constituant la complexité dialectique de l’entrelacement des temps. Génération devient ici un paradigme central avec un double sens. Celui, trop limité aujourd’hui à la production et créativité humaines, définissant chaque espèce vivant par sa modalité d’engendrement de la vie et du monde nécessaire à la vie incluant les autres espèces et les autres de son espèce. Et celui de « classes d’âges » inscrites aujourd’hui dans un régime successif étriqué au détriment de leur enchevêtrement permanent qui caractérise le processus d’articulation non seulement entre ancêtres et descendants mais de la naissance à la mort d’un même sujet vivant.
Makan Rafatdjou
Le passé à venir, Repenser l’idée de génération, Tom INGOLD, Éditions du Seuil, 2025, 252 p., 18,20 €
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