Il y a un peu plus d’un demi-siècle paraissait « Rock Bottom », album que Robert Wyatt, leader de Soft Machine, avait commencé depuis son lit d’hôpital, d’où il sortira en fauteuil après une chute de 4 étages. Héraut du rock progressif, cet album génère une comédie musicale d’animation réalisée par Maria Tenor. A travers l’histoire d’amour passionnée et destructrice parce qu’embolisée par les substances, de Bob et Alif, est fort bien retraduite la tranche de vie d’une partie de la génération rock, peace and love, d’après 1968.
Le tourbillon de la « culture » hippie est ici montré dans ses espaces de liberté et de création, d’imagination souvent débridée, d’excès parfois mortifères. Le film ne cache pas des interrogations (la liberté sexuelle a-t-elle vraiment toujours profité à la femme ?). Il montre, « en creux » les avancées -réelles- comme les reculs que nous pouvons constater, en tout cas en Occident.
Voici une heure et demi de beau cinéma musical, un bon moment intelligent et savoureux. On ira sans nostalgie, mais sans pruderie réactionnaire. L’imagination sera au pouvoir, la désillusion ne nous y amènera pas.
Patrick Vassallo
Rock Bottom, Réalisation Maria Trenor, Espagne-Pologne, Potemkine Films, 2024, 92 min. Nominé à Cannes. Sortie en salle le 2 avril 2025
A lire également
Les invisibles
« Retour à Heillange »
Monsieur