En juillet en Martinique le Rassemblement pour la Protection du Peuple et des Ressources Afro Caribéens (RPPRAC) a lancé un mouvement contre la vie chère – les prix des produits alimentaires y sont 40% plus élevés qu’en France ‘métropolitaine’.
Des actions ont été menées par des dizaines de personnes toutes habillées en rouge. Une de leurs tactiques était de remplir des caddies puis de les abandonner à la caisse en diffusant les images sur les réseaux sociaux.
Ces actions ont trouvé un écho dans la population et chez certains professionnels comme les taxis, qui ont organisé des opérations escargot. Il y a eu des violences dans certains quartiers, sans que le RPPRAC soit impliqué. Une centaine d’entreprises ont été incendiées et dévalisées. En Guadeloupe quelques barrages ont été érigés sans revendications apparentes. Il faut dire que dans ce département on a un peu l’habitude !
Ce mouvement a été lancé sur les réseaux sociaux sans concertation avec les syndicats. Par la suite certains ont essayé de mobiliser les travailleurs sur la question des salaires.
Le nom du collectif est loin d’être neutre, tout comme un slogan populaire : « On est chez nous ! » Car derrière la question de la vie chère il y a un ressenti profond. L’identité antillaise a été forgée par opposition à la violence du colonialisme. L’aspiration à l’indépendance ou à une plus grande autonomie n’a jamais complètement disparu, malgré la départementalisation. Mais la population revendique aussi et à juste titre l’égalité de traitement avec les autres Français. A chaque crise de ce type on entend la question, « On est français ou on n’est pas français ? ».
Les problèmes qui étaient déjà à la base du mouvement de 2009 n’ont pu être résolus par la voie institutionnelle. Alors c’est par l’action directe que les Antillais comptent imposer un rapport de forces avec un gouvernement qui ne s’y intéresse que quand des violences font la Une des journaux.
Que le tout nouveau RPPRAC a réussi à contraindre le patronat et l’État à négocier est un résultat remarquable.
Entre volonté de ‘casser’ le mouvement et prudence, le gouvernement hésite certainement. Il sait que les anciennes colonies sont de véritables poudrières prêtes à exploser, alors la crise en Kanaky s’est approfondie.
Mercredi 16 octobre un accord a été trouvé entre tous les participants à la table ronde, sauf le RPPRAC. Le texte prévoit une baisse de 20% du prix de 6000 références dans les supermarchés, largement financée par des suppressions de taxes. Mais le RPRRAC continue à exiger que des mesures s’appliquent à l’ensemble de l’alimentaire, soit 40 000 références.
Samedi 19 octobre, 2000 personnes ont pris part à un rassemblement à Fort-de-France, puis le 21 les blocages ont repris, aussi bien en Guadeloupe qu’en Martinique, nécessitant des interventions répétées des forces de l’ordre… colonial.
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