Il paraît difficile de rester focalisés sur le tête à queue de Macron, bien des enseignements pour agir peuvent être discutés sur les 9 et 30 juin, et le 7 juillet.
1- Un nouveau cycle politique s’est ouvert
De décembre 1995 aux manifestations massives de 2023, les citoyen.nes n’ont cessé d’avoir à mettre en échec les deux partis de gouvernement de la 5ème République. Que le parti de Chirac puis de Sarkozy s’attaque aux classes populaires, à la santé ou à l’université n’étonnait personne. En revanche, il était inacceptable que le Parti socialiste de Jospin ne soutienne pas les Lu de Ris Orangis et les Renault de Vilvoorde, et il était suicidaire qu’il s’implique à son tour dans le détricotage du tissu économique pour cause de dogmes pudiquement dénommés dénationalisation. Que le PS de Hollande casse le Code du travail et encourage les parties patronales à déclasser les conventions collectives était encore plus criminel.
Ils ont dramatiquement dégradé les modes de vie et les revenus populaires avant de cyniquement accuser d’incivisme tout un chacun quand la participation du peuple de gauche aux élections, y compris aux élections municipales, a chuté : la gauche plafonne à 30% des voix exprimées y compris ce 30 juin.
2- Tout reste à faire
Le pseudo-concept de tri-partition du champ électoral et la proclamation par LFI de l’attraction de sa radicalité sur le reste de la gauche occultent encore cette question centrale, que tente aussi de masquer le bras de fer avec Macron sur la désignation du premier ministre.
On ne le dira jamais assez fort : tout reste à faire pour construire une majorité sociale et politique. Or le clivage gauche contre droites et extrême-droite vient de revenir au premier plan et c’est le premier point d’appui que nous retrouvons depuis que nous avons été défaits sur le Code du travail au printemps 2016.
Car personne ne peut contester que les 9,8 millions d’électrices et d’électeurs de gauche du premier tour de l’élection législative partagent un large socle d’engagements et de convictions tandis que la déshérence des dirigeants et de l’électorat des Républicains et de Macron semble devoir se poursuivre. Et chacun.e doit reconnaître qu’à l’opposé du peuple de gauche les 9,4 millions de votant.e.s pour Bardella à Matignon ne partagent que des ressentiments. Ne les relient qu’une même croyance dans le fantasme du recours à l’homme « à poigne », en l’occurrence une femme ; ne les engage que le même renoncement à faire acte de citoyenneté par eux-mêmes, résignés qu’ils sont à déléguer leur pouvoir de nuisance à cet obscur clan Le Pen.
Démocratiser radicalement la démocratie
Pour agir, à l’heure où les acteurs du capitalisme se divisent et se fracturent, à l’heure où le peuple kanak et les gauches palestiniennes et ukrainiennes réclament notre action, nous ne pouvons que nous attaquer aux racines multifactorielles de ce moment ni gauche, ni droite qui, dans toutes les époques et pays, a invariablement servi à redonner une assise et une ligne dure aux conservateurs.
Inviter nos concitoyens à s’indigner est indigne, et c’est pourtant ce que font les tactiques à visée médiatique et électorale. Nous avons besoin au contraire d’espaces de délibérations pluralistes et larges à l’échelle de chaque localité et de chacune des 577 circonscriptions législatives : processus de création donc d’ASSEMBLÉES CITOYENNES et mandat d’animation aux collectifs de campagne et aux représentants de l’intersyndicale agissant avec le réseau d’associations comme la LDH.
Démocratiser radicalement la démocratie, voilà le processus que nous pouvons engager au travers de l’initiation de ces assemblées citoyennes. Qui dit processus dit expériences, jeux d’essai et erreurs à distance des allégeances aux institutions, donc volonté politique, pluralisme et confrontations des idées et des avancées.
Aujourd’hui nous avons besoin d’une fédération pour un « communisme à usage immédiat », un communisme d’autogestion.
Eugène Bégoc
Amiens
Merci à E. Bégoc que l’on n’avait lu depuis trop longtemps. Les modalités de cette “démocratisation de la démocratie”, si indispensable, risquant d’être confrontée au même risque, je risque d’apparaître moins constructif, à priori, que lui. Je voudrais essayer de revenir sur les raisons de l’auto-asphyxie de la Gauche (depuis 1984) et de sa mise en solution imbuvable, pour les LU ou Renault Villevoorde, ou EDF, Alsthom, jusqu’à Duralex, ces jours-ci. Cette analyse visant à éviter cette dérive, utilisée par quelques arrivistes mais liée aux conditions de vie de tous, dérive visant à con-fondre les 3 Pouvoirs (Législatif, Exécutif, Judiciaire) et mesurer notre responsabilité dans cette confusion qu’achève d’utiliser la macronie ( ministres en exercice votant au Parlement, pour élire la présidence) pour tenter de lui barrer la route. Il me semble que l’acharnement TV et Médias (+ ou – bolloriqués) à rétrécir l’activité (?) politique à une galerie de portraits, fouillés jusqu’aux extrêmes de la vie privée, revient, nous le savons, à extirper l’activité politique du quotidien de tous. Le résultat le plus frappant ? “L’Economie Politique ” a disparu du champ de l’Enseignement, ou du langage journalistique. Seule existe :” L’Economie”, évidemment Libérale. Présentée comme “Science” à l’instar de “la science Mathématique”, elle devient définitive. Les deux sphères économique/Politique, ainsi isolée, masquée, la lutte des classes disparaît de la sphère socio-politique. Je suis tenté de penser que si le Nouveau Front Populaire (NFP) a presque réussi à sortir la Gauche de son caveau de famille socialdémocrate, c’est parce qu’il avait un projet précis, très fédérateur car ancré dans le quotidien et ses urgences. Presque, certes, mais en 20 jours c’est très encourageant. D’où l’extrême urgence à mettre en place ces “Assemblées locales “très différenciées, dont les Ronds-Points et/ou les Gilets Jaunes ont initié les marques. Les droites et le RN ont mesuré immédiatement le danger, y compris dans son aspect de réforme fiscale. Subsiste une question : que signifie la formule “Tout le programme et rien que le programme ” ….ou l’inverse ?