Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

L’eau : une arme de destruction 

Les principales institutions qui ont dépossédé le peuple palestinien de son propre pays ont été créées bien avant la fondation de l’État d’Israël. La compagnie des eaux Mékorot date de 1937. C’était pour l’Agence Juive un moyen de développer spécifiquement les villes et les colonies juives.

Une catastrophe écologique

Un des mythes meurtriers de la colonisation de la Palestine a été : « du désert, nous avons fait un jardin ». Avec des capitaux, il est possible de verdir la région. Mais cela a été fait avec une grande violence. Plusieurs centaines de villages palestiniens ont été détruits en 1948, leurs traces ont été effacées. Les oranges de Jaffa, qui étaient la fierté de la Palestine et étaient exportées dès le XIXème siècle jusqu’en Angleterre, sont devenues israéliennes. Le pays est devenu un producteur intensif de fruits et de légumes : oranges, pamplemousses, avocats … Pour cela, il fallait beaucoup d’eau. Jusqu’à 2001, grâce à la « conduite d’eau nationale » achevée en 1964, 400 millions de mètres cube d’eau ont été pompés chaque année dans le Lac de Tibériade et envoyés partout, jusque dans le désert du Néguev. Le niveau du lac a fortement baissé, il a commencé à devenir salé, au point qu’aujourd’hui Israël songe à y envoyer … de l’eau douce. Le Jourdain, décrit dans l’Antiquité comme un fleuve, est devenu un filet d’eau.

La Mer Morte était à 395 mètres sous le niveau de la mer en 1950. On en est à 434 mètres aujourd’hui. Plus de la moitié de son ancienne superficie est devenue une croûte de sel à ciel ouvert, contribuant à saliniser les rares oasis qui la bordent.

Des conquêtes liées à l’eau

Il aurait sûrement été possible après 1967 qu’Israël signe avec la Syrie un accord semblable à celui signé avec l’Égypte en 1978 : la paix contre une restitution de territoire. Cela ne s’est pas fait parce que le plateau du Golan est un véritable château d’eau,  produisant 30% de l’eau (hors dessalement de l’eau de mer) de la région. Aujourd’hui quelques milliers de colons ont installé sur ce plateau une agriculture intensive : pommes, poires, mangues, cerises, vigne …

L’occupation pendant 20 ans du Sud Liban avait aussi des objectifs liés à l’eau : la région qui va jusqu’au fleuve Litani est très arrosée.

Cisjordanie : le pillage organisée.

La Cisjordanie est une région calcaire relativement bien arrosée. Dès la conquête de 1967, l’occupant s’est emparé de l’aquifère. Il a interdit aux Palestiniens de pomper l’eau du Jourdain. Dans cette vallée, 9 000 colons occupent 95% de la superficie alors que 65 000 Palestiniens n’en ont que 5% et manquent drastiquement d’eau. Dès 1990, les colons consomment les 2/3 de l’eau alors que les Palestiniens sont dix fois plus nombreux. Avec les accords d’Oslo, c’est Mékorot qui gère l’approvisionnement en eau de la population palestinienne. La compagnie vend aux Palestiniens leur propre eau beaucoup plus chère qu’aux colons. Régulièrement des puits et des forages sont détruits, interdisant toute autonomie à la population. Les colonies sont luxuriantes avec des piscines alors que l’eau est sévèrement rationnée dans les villages palestiniens. Lors des attaques contre les camps de réfugiés, les citernes sont mitraillées en priorité.

Gaza inhabitable ?

Dès 2015, un rapport de l’ONU annonçait que Gaza serait inhabitable en 2020. 97% de l’eau extraite de l’aquifère est salée. L’occupant pompe sans retenue l’eau qui arrive de Cisjordanie. Il y a environ 150 puits le long de « barrière de séparation ». La nature ayant horreur du vide, l’eau de mer a envahi la nappe phréatique. Seule une petite région au Sud Est de la Bande de Gaza a encore une eau utilisable, mais elle manque d’électricité (4 à 8 h par jour) pour la pomper. Gaza est un marché captif obligé de boire et d’utiliser l’eau que l’occupant lui vend en la rationnant. Et à chaque bombardement, la centrale électrique, les stations d’épuration et les forages sont touchés en priorité.

Aujourd’hui

Avec la compagnie Nétafim, Israël se présente comme un champion du goutte à goutte. Avec la construction de plusieurs centrales de dessalement de l’eau de mer, le pays vend son savoir-faire … sur le dos des Palestiniens.

Pierre Stambul

La source des femmes de Radu Mihaileanu

Quelque part entre l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Les femmes vont faire la grève de l’amour : plus de câlins, plus de sexe tant que les hommes n’apportent pas l’eau au village.

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Horizons d'émancipation

L’eau, nouvel or mondial ? 

L’eau, bien commun de l’humanité, l’eau source de vie. Et pourtant …  Alors qu’à l’échelle de la planète, les réserves d’eau douce s’amenuisent, alors que ...
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