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Retraites : ça y est, on est en 1995 ?

Cela fait un quart de siècle que la grève de 1995 est la référence, ressortie à l’orée de chaque mouvement social espéré d’ampleur. Elle fut importante à plus d’un égard, mais prenons garde de ne pas la transformer en mythe qui, finalement, effraierait les plus jeunes, persuadés/es de ne pas pouvoir faire « aussi bien ». La grève de 2023 appartient à celles et ceux qui vont la faire !

Toutes les organisations syndicales du pays appelaient à faire du 19 janvier une « grande journée de manifestations et de grève ». Le chiffre de deux millions de manifestantes et manifestants, largement repris, situe la réussite ; avec un point important : beaucoup de monde sur tout le territoire, pas seulement dans les métropoles. Et la grève ? Si certains secteurs sont restés en retrait, elle fut assez massivement suivie dans pas mal de secteurs. C’est aussi le signe qu’il se passe quelque chose. Le soir même, l’intersyndicale proposait une nouvelle journée de grève et manifestations, le 31 janvier. La question de la grève reconductible est en débat dans plusieurs collectifs syndicaux. Elle est présente largement au-delà des cercles qui se contentent de la réclamer sans jamais l’organiser.

Mais justement, c’est bien de l’organiser dont il s’agit. Certes, l’intersyndicale nationale n’est pas unanime sur le sujet. Mais plusieurs organisations sont sur cette position et c’est une avancée indiscutable par rapport à ce qu’on a connu dans le passé, lors de mouvements sociaux similaires. Il faut s’appuyer sur l’unité intersyndicale de refus de la contre-réforme et mettre en avant les appels à la grève, « reconductible », « partout où c’est possible », « généralisée », de plusieurs organisations. Construire la grève, ça signifie multiplier les discussions sur le lieu de travail. C’est à partir de cela que peuvent exister des assemblées générales rassemblant les travailleuses et travailleurs d’un même site, là où se retrouvent les collègues de chaque jour. Faire émerger la parole de chacune et chacun est essentiel ; ça suppose que les salarié/es soient en confiance pour s’exprimer. Les « AG » organisées dans des périmètres trop importants peuvent satisfaire quelques tribuns, mais elles n’installent pas la démocratie dans la grève.

La contre-réforme attaque notre classe sociale. Elle sert les intérêts du patronat et des actionnaires. A peu près tout le monde l’a compris. Inutile de perdre trop de temps et d’énergie à en discuter les détails. C’est de projet de société dont il s’agit. Pour beaucoup de jeunes, « la retraite, c’est loin », certains/es disent « la retraite, on n’en aura pas ». Mais ce qu’ils et elles comprennent, c’est qu’après la retraite, pourquoi pas l’assurance maladie ? Et puis les congés payés ? Et puis le contrat de travail ? Et puis le salaire ? Faire le lien entre les revendications les plus locales qui traînent depuis des mois ou des années, le refus de la contre-réforme sur les retraites et la possibilité d’un autre futur, voilà comment faire en sorte que « 2003 » prospère sur 1995 !

Christian Mahieux

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