S’il semble souhaitable d’améliorer les conditions de travail et de rémunération des professionnels de santé, ne faut-il pas le faire dans l’ intérêt des patients et de la protection sociale ? Le but annoncé de la grève des médecins libéraux1 centré sur la rémunération pourrait aggraver les difficultés d’accès aux soins : qui pourra payer 50 euros chez le généraliste, remboursé 25 euros par la sécu et le reste par les mutuelles ? Ce recours obligé aux mutuelles privées signerait la fin de la Sécu comme couverture des risques égale pour tous.
La dégradation de la médecine générale, de l’hôpital et de la sécurité sociale forme un tout provoqué par la politique des gouvernements de tous bords depuis 40 ans : en finir avec le système de santé et de protection sociale égalitaire et ouvrir la porte aux intérêts privés. Les déserts médicaux trouvent leur origine dans la limitation de nombre d’étudiants en médecine (1971) pour amorcer la baisse des « dépenses » de santé !
Il est urgent de dégager des moyens pour former davantage de soignants et mettre en œuvre un nouvel exercice de la médecine, actuellement en débat. Ce dernier répondrait à l’augmentation du nombre de patients (vieillissement, maladies chroniques) et aux aspirations de nombreux soignants et patients: coordination des soins, fin de la tarification à l’acte, nouveau partage des tâches entre soignants et avec les administratifs, création de centres de santé où les médecins pourraient s’installer.
Il est urgent de dégager des moyens pour la Sécurité sociale (la retraite en fait partie) et de défendre son principe : « Chacun cotise en fonction de ses moyens et reçoit selon ses besoins », grâce auquel la santé est devenue un droit égal pour tous. Il conviendrait de l’étendre à d’autres domaines que celui de la santé.
Pour gagner, professionnels de santé, usagers, retraités n’ont pas d’autres choix que de se rassembler sur un objectif commun à tous : exiger les moyens financiers pour satisfaire l’ensemble de leurs revendications spécifiques. L’argent des contribuables et du travail (cotisations) sont suffisants mais les gouvernements les détournent au profit des intérêts privés : le patronat a été exonéré de 50 milliards de cotisations qui ne financent plus la Sécurité sociale. Les revenus financiers des entreprises et des banques (320 milliards d’euros) ne cotisent pas à la sécu. Si on les soumettait au taux actuel, ils rapporteraient plus de 84 milliards d’euros à la sécu.
Faute de mette leurs luttes à ce niveau, les différents acteurs risquent de se diviser : médecins contre usagers ; retraités contre « régimes spéciaux » … A la grande satisfaction du gouvernement dont l’argument principal est qu’il n’y a pas d’argent pour tout le monde.
Josiane Zarka
- Une renégociation de la convention des médecins libéraux est en cours avec la Caisse Nationale d’Assurance Maladie.
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