(cet article fait partie d’un dossier que vous retrouverez ICI)
Le travail, grand absent de la campagne présidentielle ? On peut le craindre. La droite célèbre une soi-disant « valeur travail » réduite à la stigmatisation des chômeurs, tandis que la gauche et les écologistes ne parlent guère du travail ou se préparent à sa supposée disparition. Rien sur la qualité et de la soutenabilité du travail, professionnel ou domestique !
Pourtant le mal-travail, et les atteintes à la santé qui l’accompagnent, marquent profondément la situation actuelle. Soignant.es, enseignant.es, aides à domiciles, employé.es des restaurants, ouvrier.es du nettoyage, travailleur.ses sociales, animateurs périscolaires, et même des magistrat.es et des greffier.es fuient désormais un travail devenu insoutenable. A l’hôpital, c’est désormais parce que les soignants démissionnent en masse pour fuir une organisation du travail absolument insoutenable, que des milliers de lits sont fermés, et non plus à cause de restrictions budgétaires. Le refus des conditions de travail délétères est tel que le gouvernement a réduit drastiquement les allocations chômage !
Cette mise à mal du travail n’est plus supportable. Plus que jamais, ce pour quoi nous travaillons et la façon dont nous travaillons déterminent la qualité de nos rapports aux autres, de notre santé et de celle de la nature, de la démocratie, bref de notre vie. Plus que jamais la question du travail, de son sens et de son organisation doivent devenir un objet central du débat politique.
Les Ateliers « Travail et Démocratie » qui regroupent des syndicalistes, chercheur.es et intervenant.es en santé-travail souhaitant faire reconnaître la démocratie au travail comme un enjeu décisif de la santé humaine et environnementale et de la démocratie politique, proposent d’ouvrir la discussion sur les impasses auxquelles n ous mène la négligence de cette question, et sur les moyens de la prendre en compte sérieusement par des propositions politiques. Ils organisent une assemblée citoyenne pour la démocratie au travail le 15 janvier 2022, dans la grande salle de la Bourse du travail de Paris.
Quatre dimensions seront discutées. La première concerne les transformations du travail dans la pandémie. Comment la pandémie a-t-elle transformé nos rapports au travail ? Que signifie la « recherche de sens au travail » qui oriente aujourd’hui beaucoup de bifurcations professionnelles ? Comment faire reculer la « gouvernance par les nombres » au bénéfice du travail attentionné ?
En second lieu, il n’est plus possible de prétendre penser la transition écologique sans y intégrer la question du travail. Consumérisme et pollutions résultent d’un travail abstrait (marketing, publicité, conception des produits et procédés…) piloté par les impératifs de profit et indifférent à ses effets concrets sur le vivant. Et les GAFAM n’arrangent pas les choses… Quels conflits et quelles initiatives émergent-elles de la contradiction capital / nature ? Comment instituer la défense du vivant dans l’organisation du travail ?
En troisième lieu, comment faire de la réduction du temps de travail, proposition historique centrale de la Gauche, un instrument de la sortie du productivisme et de la reprise en main du travail par les salarié.es concerné.es, au-delà de l’accroissement du temps libre ?
Enfin, face à l’offensive inédite menée contre les droits sociaux et démocratiques au travail, comment redynamiser l’action collective autour des enjeux d’un travail bien fait ? Comment s’appuyer sur les expériences de recherche-actions syndicales pour instituer des avancées démocratiques dans l’organisation du travail et commencer à penser une sortie de la subordination salariale ?
Le 15 janvier, commençons à faire entendre la cause du travail vivant dans le débat politique en cours !
Julien LUSSON
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