Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Utopies concrètes

Entre lendemains qui chantent et « déjà là »

Toute l’histoire du « mouvement ouvrier » et révolutionnaire est striée d’une controverse et de tensions entre mouvement et/ou velléités de rupture avec le système et initiatives plus ou moins autogérées de changement immédiat.

Entre lendemains qui chantent et « déjà là », que nous disent ces utopies concrètes que l’affaissement des espoirs de « grands changements » et des politiques globales a de nouveau stimulé ?

Comment ces utopies concrètes indiquent-elles du « déjà là » et peuvent-elles donner envie ou tout simplement une idée de ce qu’on a appelé les lendemains qui chantent ? Sur quoi, sur qui, comment peut-on s’appuyer sur ces utopies concrètes, alternatives, quotidiennes pour articuler une dynamique d’émancipation vers ce que nous appelons le post-capitalisme ?

Avec des acteurs et actrices de ces utopies concrètes, Cerises ouvre ce dossier.


De quoi parle-t-on?

Nous nous intéressons à des initiatives qui ont un corpus partagé, savent où elles vont, hors de tout effet d’aubaine, ou de ces « innovations » adjacentes au CAC40, voire qui s’engouffrent dans ce que le « dépérissement » capitaliste de l’État a laissé. Ces initiatives veulent redonner à la fois une dignité au travail et une dignité à ceux et celles qui font le travail tout en sortant des rapports de production et de pouvoirs habituels, dans et en dehors de l’entreprise, se dégageant des rapports de domination usuels.

Que sont donc ces alternatives du quotidien, les utopies concrètes qui émergent, naissent, se confortent ? S’agit-il là de s’accommoder du capitalisme pour « faire autrement », d’accompagner un système qu’on ne pourrait fondamentalement changer pour modifier ce qui est à notre portée ? Quitte à verser dans le capitalisme vert ou la high-tech écolo ? 

Doit-on voir dans ces initiatives de l’autonomisation ? de l’autarcie ? Que les références autogestionnaires renforcent et politisent ?  

En quoi ce qui se passe dans des structures autogérées et des coopératives pourrait renouveler le service public ?  Cette question qu’ébauche François Longérinas pourra être traitée dans un dossier ultérieur, plus complètement. Comment ceci dépasse le périmètre d’activité ?

Ouvrent-elles des voies pour un autrement, radicalement différent des processus de domination et des mécanismes capitalistes ? Ou ne sont-elles qu’un pis-aller, sympathique, mais ne remettant pas en question « l’ordre du monde » ?

Stéphane Berdoullet, participe à ce débat à partir de son vécu au PHARES et à HALAGES, entreprises sociales et solidaires de l’Ile-Saint-Denis.

Georges Goyet, chercheur retraité du CNRS (laboratoire PACTE) et de LISRA décrit l’expérience menée en pays roannais, ses dynamiques, ses méthodes, ses limites.

Olivier Leberquier, qui préside FRALIB et la SCOOP-TI près de Marseille, relate la lutte menée par les ouvrier.e.s et l’aventure la coopérative qui produit les thés et tisanes 1336.

Arya Meroni, militante féministe et anticapitaliste, nous montre comment ce champ de luttes porte des possibles et se heurte aux pratiques dominantes.

Alexandra Pichardie, du conseil éditorial de Cerises, nous précise comment des initiatives bretonnes peuvent éclairer les questions posées ici.

Élodie Ros, de l’université Paris 8, indique les possibles qu’ouvrent à des étudiant.e.s les coopératives de jeunes et l’apprentissage d’un entrepreneuriat collectif.

Pierre Zarka, du comité de rédaction, partage l’expérience menée chez lui et les interrogations qu’elle porte.

Un débat dont Catherine Destom-Bottin conclut « qu’à exister les utopies travaillent le rapport de force. Il y a du déjà là de la prise de pouvoir sur soi, et donc j’ai le sentiment qu’il faut vous remercier de confier à Cerises ces échanges ».

Dossier piloté par Patrick Vassallo avec Catherine Destom-Bottin, Sylvie Larue, Alexandra Pichardie, Pierre Zarka. Bonne lecture.  

La rédaction de Cerises


Un quotidien ancré dans un territoire

Parce que concrètes, nos utopies sont déjà là, ancrées dans un territoire. Pierre Zarka parle « d’un village d’un peu plus de 400 habitants où nous avons créé un conseil d’habitants qui peu ou prou draine une bonne moitié de la population ». Cadre que Georges Goyet confirme : « revenu au village natal en zone rurale de 1300 habitants » où « nous avons commencé à créer un certain nombre d’associations avec différentes thématiques afin d’avoir différentes inscriptions dans le bassin de vie roannais ».

Arya Meroni situe « d’abord la coordination de lutte des acteurs de quartiers populaires entre 2012 et 2015 dans les quartiers sud de Toulouse ». A quoi Alexandra Pichardie fait écho : « le groupe se proposait juste de mettre en lien des gens dans un lieu qui leur appartiendrait pour organiser des groupes de discussion féministe, (…) une micro société idéale active sur le terrain ».

Georges Goyet

Dans le bassin roannais, Georges Goyet décrit longuement la méthode suivie : « Le premier registre, du système productif local, s’appelle : « Mutations et Territoires ». La seconde association se préoccupe de la production de bio et des relations entre producteurs bio et citoyens ». « La troisième est un lieu culturel appelé « NOETIKA[1]. » Une autre s’appelle « Fleuve Loire Fertile », qui est une sorte de plate-forme (…) d’initiatives citoyennes. La dernière, c’est un « Fab Lab ».  Tout ceci « amène une conduite de projet où (…) nous tentons une première forme de quoi il est question. (…) Ensuite nous promenons cette première esquisse du problème dans le territoire. »

Territoire vivant fait de rapports plus larges : « L’autre élément de résistance dans lequel on construit nos projets, c’est le rapport métropole / rural. C’est-à-dire qu’on conçoit que nous sommes des colonies des métropoles. Nous sommes dans des situations où on retrouve Franz Fanon, Albert Memmi, que ce soit le portrait du colonisé, ou celui du colonisateur, on retrouve toutes ces notions, dans nos milieux ruraux ».

Systématiquement, on fait du judo institutionnel

Ici symboliques et métaphores servent à prendre la mesure des transformations à réaliser incluant éléments matériels ET immatériels « On essaie de monter un processus d’Inter-association sur le bassin pour pouvoir avoir petit à petit une force de frappe à l’endroit des élus et des agents territoriaux. (…) on crée des tiers lieux, avec le pôle nourricier comme axe central sur plusieurs communes, et on essaie de travailler en réseau pour pouvoir justement peser dans le programme alimentaire territorial du bassin de vie locale ».

Souci que partage Arya :« la coordination de lutte des acteurs des quartiers populaires sur les quartiers sud de Toulouse. C’était une coordination de plusieurs associations, de structures de quartier, et d’habitants et habitantes. Le but était de faire une sorte de syndicalisme d’habitants et habitantes (…) Nous avons d’ailleurs eu un certain succès. » 

Un bilan d’où Arya exprime le besoin de concrétiser : « Et donc que fait-on pour que tout cela n’en reste pas aux mots, (…). Comment en fait, lier tout cela dans le temps ?.».

Pour Olivier Leberquier « on ne l’aurait pas réussi si on n’avait pas eu le support de tous ceux qui nous ont soutenus, et notamment notre organisation syndicale, au local, au régional, au départemental ». Trois niveaux territoriaux où se mène « aussi la bataille politique, (…) toutes les élections possibles et imaginables qu’il y a dans notre pays, départementales, législatives, présidentielle, on les a toutes eues, donc forcément, à un moment donné entre 2010 et 2014, on était à chaque élection un passage incontournable pour un certain nombre d’hommes politiques, et donc on les a quasiment tous reçus, (…) même s’il n’était pas un soutien, y’avait des discussions avec. ».

 Sur le site de production, « on a une entreprise qui fait 12 000 m2, on a un site industriel qui produit jusqu’à 6 000 tonnes de thé et d’infusion par an, l’année dernière avec notre coopérative on a terminé à 210 tonnes, imaginez le cap ! C’est énorme (..). L’idée, c’est qu’il faut qu’on arrive à faire fonctionner cette coopérative avec nos valeurs, en interne ». Un modèle économique, pragmatique diront certains, dans un écosystème local et productif.

« Quand on parle d’utopie, on est sûr de la réalité qu’on met en pratique et qui montre qu’on peut faire les choses autrement. C’est dans l’air du temps (…). Aujourd’hui, la seule chose qu’il y a de Français dans la marque Éléphant, c’est l’argent des consommateurs français (…). Nous on fait un petit peu plus simple, on essaie de relancer la filière, et ça, depuis le début. On a travaillé avec les producteurs de Buis-les-Baronnies dans la Drôme pour le Tilleul, on travaille le tilleul en direct avec les producteurs locaux, la plante est cueillie, séchée, coupée sur place avec un partenaire, ensuite ça fait 160 petits kms pour venir à l’usine à Gémenos, on les conditionne et on propose aux consommateurs. En termes de bilan carbone, il n’y a pas photo et l’idée c’est de se servir de cet exemple-là, tous les ans on progresse, (…). Le thé pousse dans des pays producteurs, (…), donc on va chercher le produit aussi là où il se trouve ; il faut que ça ait un sens, de produire local ».

“On parle d’utopie, mais on est sûr de la réalité et on peut faire les choses autrement” Olivier

Stéphane Berdoulet présente « Lil’Ô, c’est une friche industrielle polluée de 3,6 hectares sur l’île St Denis, donc grande comme la place de la République à Paris, comme cinq terrains de rugby, que l’on accompagne dans une transition vers une nouvelle forme. Et comme on avance toujours à plusieurs, toujours avec des associations, des coopératives et des acteurs publics, on va chercher à faire écosystème. (…) dans nos aventures collectives, on tente, on expérimente, on voit la fin, on ajuste, et on recommence. Il y a une logique de projet circulaire. ».

Stéphane Berdouillet

 « Le deuxième point que je voulais mettre comme fil rouge, c’est que c’est une échelle très locale, Plaine Commune, La Seine St Denis, même si HALAGE on est un peu plus large, on est sur quatre départements en Île de France – c’est 120 salariés, HALAGE – mais comme notre échelle elle est d’abord locale, on va essayer de participer à construire une narration, un imaginaire commun sur le territoire. C’est peut-être ça notre finalité pour essayer d’avoir de l’impact ou comme Fralib, comme Olivier l’a décrit, de transformer de l’intérieur.

Le PHARES, c’est un bâtiment de 1500 m2 acheté par HALAGE en 2001 dans lequel une dizaine d’associations s’étaient mises ensemble, avec une intuition, ou une intention, qui était de dire comme on va être ensemble, on va bouillonner d’idées au service du territoire ».

Un réel qu’Élodie Ros souhaite voir rappelé tant « pour faire de l’économie alternative, il faut se remettre dans la pédagogie du milieu d’être aussi dans son espace là où sont les gens et là où les problèmes se posent ».


[1]          NOETIKA association à La Pacaudière lieu citoyen de création artistique et action culturelle


Produire, entreprendre autrement : comment ça fonctionne ?

Élodie, Aria, Olivier, Alex, livrent des éléments d’expérience. Parmi les chemins empruntés : la centralité des concernés, les efforts pour s’écarter de la représentation.

Élodie Ros

L’université Paris 8, crée des coopératives éphémères en direction des étudiants post doctorant ;

« L’idée est de leur montrer qu’on peut créer une activité économique différemment[…] qu’il y a des modes de gouvernance, d’organisation du travail, […] beaucoup plus horizontale […] 

On est traversé par le capitalisme et par les rapports de domination aussi dans ces espaces-là

Sur une coopérative, dans une entreprise partagée, ils décident ensemble et ils ont droit à la parole collectivement. Et puis sur le fait aussi qu’ils peuvent s’appuyer les uns sur les autres pour créer et qu’ils ne sont pas tout seuls. Par exemple il y a un étudiant, cette année, qui avait une idée de création d’entreprise et qui dit qu’il avait découvert à travers cette expérience-là qu’en fait il ne pouvait pas tout faire et qu’il avait besoin des autres. Et que finalement le projet qu’il avait lui, était maintenant un projet beaucoup plus enrichi, beaucoup plus intéressant. Finalement ce qu’il a découvert c’était ses propres limites et le besoin des autres, et là ils ont créé une association pour proposer un service gratuit de réparation des outils numériques des étudiants et de formation à l’autoréparation. C’est l’idée que les étudiants puissent après auto-réparer leurs outils numériques pour prolonger la vie de leurs outils et aussi mieux les armer dans la période actuelle sur le bon usage numérique y compris à l’université. Voilà une autre étudiante qui expliquait que jusqu’à présent elle avait toujours postulé, y compris sur des stages, que sur des postes d’exécution, et que maintenant le fait de se rendre compte qu’elle aussi elle pouvait avoir des responsabilités, elle aussi pouvait gérer des choses, elle pouvait faire avec d’autres.

Arya Méroni évoque l’assemblée féministe « toutes en grève », expérience relativement aboutie quant à sa capacité à drainer un grand nombre sur une durée remarquable devenue espace de mobilisation permanente.

Cette assemblée est pour moi l’exemple le plus abouti, parce qu’il fonctionne depuis trois ans et que de surcroît il draine des centaines de personnes sur la ville de Toulouse, il organise un mouvement féministe assez impressionnant avec plus de 10 000 personnes dans la rue pour la grève du 8 mars, ou, avant le confinement. Nous avons créé l’assemblée comme un espace de mobilisation permanente du féminisme, ou des militantes voire des personnes non militantes à priori, venir proposer des actions et les faire vivre dans la ville. Ici c’est problème qui se pose c’est celui de la pérennisation de tels types espace, notamment quand on n’a pas de locaux, quand bon nombre de personnes travaillent, quand on est traversé par le capitalisme et par les rapports de domination aussi dans ces espaces-là. On vient avec ses bagages, avec ce qu’on a vécu, et avec nos propres limites.

Olivier Le Berquier : Il a fallu qu’on crée notre coopérative dans le moule du système capitaliste…

Olivier Le Berquier

J’en suis le président du conseil d’administration, ils m’ont confié la partie commerciale, marketing, gestion du personnel, finances, bien-sûr, mais aussi toutes les discussions, les négociations avec la grande distribution […]. L’idée, c’est qu’il faut qu’on arrive à faire fonctionner cette coopérative avec nos valeurs, en interne on essaie et c’est pas simple, de faire vivre la démocratie à l’intérieur, on a plein de difficultés en interne,  […] Mais on essaie, à l’intérieur, de rester avec nos valeurs à nous et de pas y déroger, par contre après, la relation avec l’extérieur et le système économique, ben les règles sont fixées par le monde qui nous dirige aujourd’hui et qu’on subit tous, et du coup faut s’adapter, donc c’est ça peut-être les limites qu’il peut y avoir avec notre expérience à nous, mais bon, il n’y a pas 36 solutions, si on veut faire tomber le capitalisme, c’est soit la révolution, on prend les armes et on prend le maquis, ou alors on essaie de transformer la société de l’intérieur, modestement, c’est ce qu’on essaie de contribuer à faire.  […].

La politique salariale, ce sont les 58 coopérateurs qui l’ont décidée.

Un exemple, sur ce qu’on a pu faire, et qu’on fait différemment de l’intérieur par rapport à ce qu’on a pu vivre, nous du temps d’Unilever, quand il a fallu décider de la politique salariale, ce sont les 58 coopérateurs qui l’ont décidée, ce n’est personne d’autre, et on s’est mis autour de la table, on a mis 9 mois pour la pondre, notre politique salariale.  .. Je vous passe tous les détails, mais bon, c’est nous qui l’avons décidée, pour finaliser avec une politique salariale qui a été de dire on met un minimum d’écart entre les collèges, on part sur salaire unique par catégorie professionnelle, premier collège, ils ont décidé, les coopérateurs […]. Donc le salaire minimum… le salaire, puisqu’il n’y a pas de maximum ou de minimum – le premier collège est à 1600 euros net, le deuxième collège, puisque c’était la volonté qu’on soient avec des écarts minimum, est à 1670, et le troisième collège est au minimum de la convention collective à 2000 euros. Donc 1600, 1670, 2000 euros. Ce qui nous fait un écart de 1,25 entre le plus bas et le plus petit. On vient d’un écart avec Unilever de 1 à 220.

Alex Pichardie :  de l’utopie enseignée à l’utopie concrète …

Professeur, je suis partie sur une réflexion sur ce mot d’utopie concrète pour essayer de comprendre […] quels pouvaient être les obstacles qui pouvaient se présenter. […] L’utopie c’était une thématique qu’on nous imposait quand on est tout petit dès notre plus jeune âge, on nous demande d’imaginer l’école idéale, la ville idéale, on étudie Candide, Rabelais, Platon quand on a de la chance, et à chaque fois on glisse une définition qu’on fait bien apprendre par cœur au futur citoyen, l’utopie c’est ce qui n’existe en aucun lieu […]. C’était à l’ouverture d’un Centre d’Accueil et d’Orientation pour les personnes exilées, c’était juste après le démantèlement de la jungle de Calais. On a mis en place un groupe sur un réseau social et sur lequel pouvaient se proposer tous ceux qui avaient envie d’intervenir et donc c’était un collectif citoyen et ce collectif citoyen au départ se réunit à l’initiative d’Alternative Libertaire qui est devenu depuis l’UCL et en fait on s’est retrouvé dans des réunions, dans un bar, avec des gens prêts à venir en aide, à écouter, à rencontrer et ce qui était super c’est que j’ai découvert un autre fonctionnement. Il y avait un respect de la prise de parole des gens, pas de représentants, […], pas de chef comme […] dans les associations hiérarchisées et surtout la présence parmi nous des principaux concernés qui étaient hébergés au CAO, qui pouvaient participer comme tous les autres au même titre que les bénévoles et les militants aux décisions du groupe.


Pour continuer: coopérer, transgresser, évoluer

LE FAIRE

Pierre

Pierre Zarka

Il n’y a pas d’un côté les bonnes initiatives qui mettent en cause le système et celles dont la nature resterait dans le système. Les mêmes varient selon ce qu’on y injecte, et ce qu’elles produisent comme portée. Nous avons créé un conseil d’habitants qui (…)  puisse prétendre devenir le vrai conseil municipal. L’activité commune crée un espace commun et un milieu ; les rapports entre personnes se modifient mais aussi le rapport avec « l’autorité de l’institution ». Progressivement il y a une place nouvelle dans la société qui commence à se construire. Dans un 1er temps, l’opinion dominante était que cela suffisait, qu’on n’avait pas à aller au-delà. Puis nos projets définis avec plus de la moitié des habitants se heurtent au fait que,  la loi (…) réduit les collectivités locales à l’impuissance. La Communauté de Communes est chargée, d’appliquer ce qui vient des directives gouvernementales. Ou on s’incline et on ne gère pas grand-chose, ou on refuse de s’incliner et on pose la question démocratique. (…)  A partir d’une expérience qui, dans un 1er temps, paraissait se suffire à elle-même et n’interrogeait pas le système économique et démocratique, le besoin d’élargir le champ, d’investir une autre échelle, commence à se faire sentir.

Le besoin d’élargir le champ, d’investir une autre échelle, commence à se faire sentir.

Élodie

Elodie Ros

Comment répondre aux besoins des étudiants de faire le lien avec le monde professionnel et de faire des ponts entre université et monde du travail, sans reproduire ces formes de subordination ? Comment on apporte des réponses à cette poussée de l’entreprenariat, de la start-up etc. (…) qui nous vient d’une vision libérale et pénètre de plus en plus les universités ? A la place d’un stage on invite les étudiants à participer à une coopérative qui dure 3 mois. Ils autogèrent leur coopérative(…)  Ils vérifient qu’on peut créer une activité économique différemment et qu’il y a des modes de gouvernance, d’organisation du travail, qui peuvent être beaucoup plus horizontale, autogérée et du coup une autre expérience aussi du travail. (…). Ils peuvent s’appuyer les uns sur les autres pour créer. On instille un peu qu’on peut faire autrement.

Georges Goyet

Comment à partir des sentiments d’impuissance, et aussi du contraire ; d’une aspiration à pouvoir agir, on peut faire apparaître des formes collectives pour un pouvoir d’agir ? On essaie de formaliser les problèmes sous-jacents. Petit à petit les discussions amènent une vérification de la pertinence de l’esquisse du projet, mais aussi son enrichissement. Chacun est compétent et est une source de ressources. (…) Nous expérimentons comment on construit des cheminements qui, petit à petit, nous permettent de réaliser nos décisions  (…) L’implicite par rapport au capitalisme est qu’on se positionne toujours dans la perspective de  « faire transition », que face au néolibéralisme nous créons implicitement un front de résistance pour pouvoir constituer des alternatives.

Arya

Il y a un problème dans les mouvements sociaux et la gauche de manière générale. C’est la division en espaces. On parle d’un côté des luttes, d’un autre du politique et d’un autre encore de ce qui relève de l’expérimentation. Nous avons tenté de décloisonner tout cela en partant de militantisme concret quotidien, et de ne pas réduire les luttes sociales à être contre des réformes et la défense des droits, mais d’être aussi un espace où les participant/es pensent que l’on est en train de construire des rapports sociaux différents, des espaces différents, d’amener des alternatives, et de trouver des alternatives de production de consommation, etc.

(…) On vient avec ce qu’on a vécu, et avec nos propres limites. Alors que fait-on pour que tout cela n’en reste pas des mots, comme on a pu le vivre avec « nuits debout » par exemple, comme on a pu le voir à certains instants des gilets jaunes.

Stéphane

On essaie de définir les caractéristiques des problèmes (…)  Donc : diagnostic, programmation, mise en œuvre puis ajustement. Parce que c’est très facile, au bout d’un moment, d’être dans une routine qui ne remet plus en cause le diagnostic de départ et qui donc devient un peu un pansement sur les problèmes générés par le système dominant. Donc il faut tout le temps qu’on réajuste notre diagnostic et notre impact.

(…). C’est peut-être ça notre finalité pour essayer d’avoir de l’impact ou comme Fralib, comme Olivier l’a décrit, de transformer de l’intérieur.

Les obstacles

Georges

Nous voulons faire de l’action-recherche et non pas de la recherche-action. Dans action-recherche, si on est dans le paradigme des sciences du vivant, le matériau premier de la recherche c’est ce qui se passe dans le territoire. Et c’est à partir de là que se produit de la connaissance.

 Eh bien sur trois ans, je n’ai pas réussi à faire s’installer une controverse scientifique qui avait pour objet de qualifier ce qu’était une intelligence collective. (…).

Arya

Arya Meroni

Au bout de deux ans on s’est demandé comment gagner concrètement quelque chose, comment passer à l’étape supérieure ? Et au lieu de se dire : on prend le temps de construire, la réponse a été électorale ; par une liste commune avec d’autres forces. (…) pour beaucoup, au nom d’avoir des résultats la réponse est de nature institutionnelle : «il faut pérenniser, par des subventions et en renvoyant aux élus ». C’est une des premières limites (…).

Comment fait-on pour que les structures alternatives ne reproduisent pas de fait ce qu’elles essayaient de dépasser ?

Idem en ce qui concerne le syndicat étudiant nouvellement créé. Alors que le modèle syndical est très institutionnel, nous avons proposé de faire de la mobilisation permanente la clé afin de mesurer que nous étions aussi un espace de croisement avec des structures de l’économie sociale et solidaire, avec les foyers étudiants. Cela a fonctionné pendant un temps. Puis à l’intérieur du syndicat, certain/es visaient la création d’une structure se rapprochant davantage du syndicalisme traditionnel. Elles ont pris le dessus. C’est notre deuxième limite : (…) Comment empêche-t-on ce retour aux habitudes ? Comment fait-on pour que les structures alternatives ne reproduisent pas de fait ce qu’elles essayaient de dépasser ?

Pierre

Quand, pour éviter l’éparpillement des initiatives, on évoque un mouvement d’ensemble, ce qui vient à l’esprit c’est le modèle des partis et des syndicats. Or ils « dirigent » et absorbent le « chacun ». Ils demandent qu’on les suive pour s’engager dans le système représentatif qui dépossède. Comment ne pas faire comme si tous devaient rentrer dans un moule ? Georges parlait du rôle de chacun, il s’agit de passer de chacun à tous ensemble sans perdre le chacun. Comment dans chacune des initiatives, nous sommes capables de produire à partir de notre au-delà du capitalisme, qui deviendrait un dénominateur commun. (…) en dénonçant le capitalisme et en visant un autre mode de démocratie ?

J’ajoute deux obstacles. On a intégré le bilan du 20e siècle : tout ce qui a prétendu poser la question d’une solution globale a lamentablement échoué. Et ce que proposent les forces politiques et syndicales est en retrait sur l’aspiration à l’émancipation que portent les initiatives dont on parle.

Alexandra 

Alexandra Pichardie

Il y avait un respect de la prise de parole des gens, pas de représentants, et pas de chef comme on peut avoir dans les associations qui sont hiérarchisées et surtout la présence parmi nous des principaux concernés qui étaient hébergés au CAO, qui pouvaient participer comme tous les autres. C’était un centre social autogéré qui a été mis en place par l’UCL avec un principe que je voyais fonctionner pour la première fois ; d’échanges, des gens qui se battaient sur le terrain pour l’action directe, dans une finalité anticapitaliste, révolutionnaire et autogestionnaire. Est-ce que cela peut fonctionner à une échelle plus large ? (…). Pour moi la principale limite ce sont les gens. Faut-il changer la société pour changer l’homme ou changer l’homme pour changer la société ? On est tous élevés dans l’optique d’être dirigés par un chef. (…), parce qu’on a tous d’autres choses à faire pour gagner notre croûte, les gens ne jouent pas le jeu de l’autogestion. (…) j’ai pu observer il y a ceux qui prennent en charge et donc deviennent dirigeants. Il y a une dépendance politique bien ancrée. Il va falloir une prise de conscience. Ce que j’ai entendu ici me donne plein d’espoir.

Élodie

Je veux rebondir sur ce que vient de dire Alexandra.  Sur l’idée d’échelle, il ne s’agit pas seulement de petits groupes, de grands groupes, quelle est l’échelle qui permet aux gens d’auto déterminer quels sont leurs besoins, quelles sont leurs solutions collectives ? Il faut trouver d’autres réponses, c’est en se posant des questions qu’on fera un pas de côté et c’est en montrant qu’il y a d’autres possibles que ça ouvrira le champ de vision. Je pense déjà que toutes les utopies qu’on essaie de mettre en œuvre quotidiennement, c’est déjà un petit pas de côté. Les étudiants de la coopérative quand ils ont le résultat de ce qu’ils ont produit, ils se posent la question de comment se répartir la richesse entre eux, ça les fait réfléchir sur le système.


L’ESS de transformation au service des pôles publics de demain

François Longérinas

Toutes les structures de l’économie sociale et solidaire, quel qu’en soit le statut (associatif, coopératif ou mutualiste), qui portent un projet d’intérêt général représentent des laboratoires exceptionnels pour la construction de nouveaux services publics. À condition que celles-ci respectent les principes fondamentaux de démocratie interne (une personne égale une voix) et de non de lucrativité. Il en est de même pour les alternatives concrètes, à l’image des ZAD, du Larzac des années 70 au Jardins d’Aubervilliers, en passant par Notre-Dame-des-Landes.

Réinventer les services publics… communs

Entre l’échec du socialisme bureaucratique centralisé et la casse des services publics organisée depuis plusieurs décennies par les gouvernements successifs, dont ceux dirigés par les sociaux-démocrates,  au service du capital, la refondation des services publics est une priorité.

Leur transformation devra mettre en avant non seulement la participation commune des usagers, des salariés et des collectivités territoriales aux décisions de fonctionnement et d’administration, mais également à la définition des besoins, à l’échelle locale comme à l’échelle nationale. 

C’est donc un nouveau système national de régulation et d’orientation qu’il s’agit de mettre en place afin de garantir à la fois l’égalité des territoires et l’autogestion des structures, à tous les échelons. 

En perspective, comment toute activité économique n’ayant pas pour objet le profit mais le bien-être, peut-elle relever intégralement des Communs ? En pensant la finalité de production dans une diversité toujours nécessaire, d’intérêt général, social et écologique.

Des services publics territoriaux autogérés par les habitants

Nous envisageons la transformation radicale des moyens de production et des pratiques de consommation fondée sur l’intérêt général et l’utilité publique. Dans un service public qui  demain  s’appuiera sur l’engagement de l’État et des collectivités territoriales pour des pôles publics engagés dans la bifurcation écologique, les décisions devront être validées, à tous les échelons, par les usagers et les salariés. Dans cette démarche, les initiatives citoyennes et coopératives vont être des atouts prioritaires, faisant des acteurs de l’ESS des partenaires privilégiés des politiques publiques. Les sociétés coopératives d’intérêt collectif pourront en être des acteurs de premier plan, car elles sont la démonstration qu’une démocratie sociale active est possible.

Le déploiement des SCIC, un laboratoire vivant

Les sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) existent formellement depuis 2001, mais elles connaissent un développement massif depuis moins de dix ans. On en compte en France aujourd’hui plus de mille qui assurent près de dix mille emplois. Leur particularité réside dans le fait que participent aux décisions à la fois les salariés.es, les citoyens.es engagé.es dans le projet, ainsi que tous les partenaires, dont les collectivités territoriales. 

La démarche des « Licoornes », qui regroupe neuf coopératives, dont Enercoop, Railcoop et Mobicoop, entend mettre en œuvre une alternative économique, sociale et écologique. Il n’en demeure pas moins qu’une régulation nationale demeure nécessaire dans tous les domaines concernés afin de garantir une égalité entre les territoires. La construction d’un nouvel appareil d’État, démocratique et fédéraliste demeure dans ce cadre un chantier déterminant. J’y ajoute qu’un système de solidarité financière est nécessaire afin de fournir aux acteurs de l’alternative les moyens d’investissement, indépendamment des groupes capitalistes.

François Longerinas


Le « faire » est plus important que « le dire »…

Militants libertaires à la Fédération Anarchiste depuis plus de 50 ans sur la ville de St-Denis nous nous heurtons comme toutes les organisations politiques à des incompréhensions si ce n’est à un rejet. Cette constatation faite, nous avons décidé de mettre en pratique nos valeurs politiques et sociales plutôt que les proposer via des tracts, des débats, des affichages, des ventes de journaux !

À la suite de La Dionyversité, l’Université Populaire de St-Denis, nous avons lancé en 2010 l’AMAP  Court-Circuit (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) avec des valeurs organisationnelles fortes : pas d’association active et donc pas de Président, de bureau et autres assemblées générales… Onze ans après, les femmes et les hommes de notre collectif (250 familles qui se renouvellent constamment en fonction des départs) fonctionnent en totale autogestion basée sur la responsabilité individuelle au profit du collectif.

En 2015, des membres de l’AMAP séduits par un fonctionnement horizontal, sans pouvoir et sans conflit, ont eut l’envie d’ouvrir une « coopérative » alimentaire autogérée. À aujourd’hui, il y a trois DIONY-COOP sur la ville de St-Denis qui regroupent 800 familles. Comme pour l’AMAP, les DIONY-COOP fonctionnent sans Président, sans bureau et sans assemblée générale.

Les « Coopératives » s’activent suivant des principes simples tels que la confiance et la responsabilité : les membres peuvent faire entrer de nouveaux produits dans les « Coop » sans aucune autorisation si ce n’est celle du trésorier qui devra payer la facture, les membres calculent eux-mêmes l’état de leurs achats sans aucun contrôle, l’ouverture des portes se fait en fonction des envies et des disponibilités.

Un autre point important, nos « Coopératives » sont installées au pied des cités et les produits, à 95 % Bio, sont revendus sans aucune marge ajoutée et donc entre 30 à 40 % moins cher que les enseignes du Bio.
Il s’agit ici de porter vers le plus grand nombre les valeurs d’autogestion, du « bien manger » et d’écologie en privilégiant des produits impactant le moins possible notre planète.

Toutes ces activités se font en toute autonomie et dans une approche d’éducation populaire : nous n’avons aucune subvention.

En 2020, nos « coopératives » ont soutenu des producteurs à hauteur de 460 000€ d’achats.
Nous n’avons aucune dette.

Au delà…

Si le modèle des AMAP lancé dans les années 2000 dépasse aujourd’hui les 2400 structures, les « Coopératives » alimentaires et autres « Épiceries » ouvertes par les consommateurs se développent. En 2015, il y avait une douzaine d’épiceries associatives en France. Aujourd’hui, nous décomptons plus de 250 points de ventes.

Toutes ces initiatives citoyennes (AMAP et « Coopératives ») sont portées par des hommes et des femmes qui souhaitent reprendre en main leur alimentation en privilégiant les circuits courts et les produits de qualité respectant la nature. Une grande partie d’entre eux mettent en place un fonctionnement horizontal et autogéré. Au delà, les plus entreprenants, inspirés par la pensée de Murray Boockchin, libertaire américain du XXème siècle, veulent redonner à la Commune sa place de « cellule de la vie politique ». En d’autres termes, « remplacer l’État, l’urbanisation, la hiérarchie et le capitalisme par des institutions de démocratie directe et de coopération ».
En 2020, se sont plus de 300 listes « municipalistes » qui ont tenté leur chance aux élections municipales.

Il convient maintenant de « fédérer » toutes ces « épiceries » dans un cadre horizontal et libertaire. Une « fédération » des Coopératives Alimentaires Autogérées a été lancée à l’adresse fede-coop.org

Mais surtout notre collectif se veut un modèle à essaimer. Nous sommes en contact Internet permanent avec toutes les « épiceries » ouvertes sur le territoire, nous nous déplaçons régulièrement pour animer des présentations, nous expédions chaque semaine un « mot de la fédération » qui présente le fonctionnement d’une « épicerie ».
Nous mettons actuellement en forme un livre qui présentera les différents modèles.

Jean-Claude Richard

Nota : nous employons indistinctement l’appellation « épicerie » ou « Coopérative », dans la mesure où ce terme ne doit pas être lu dans son sens juridique. 90 % des structures sont des associations loi de 1901, et les autres sont en SCIC ou en SAS.
À St-Denis, nous sommes en association loi de 1901 au niveau juridique (association qui ne fonctionne pas) mais nous nous appelons « Coopérative alimentaire » parce que le terme est plus beau !


Ouvertures et perspectives

Gus Massiah

Les crises se succèdent et s’aggravent. Crise sociale avec la montée des inégalités, crise écologique de plus en plus visible, crise de la pandémie avec ses incertitudes, crise géopolitique avec les risques de guerres, crise démocratique avec la faillite des institutions. Toutes les facettes d’une crise globale et structurelle. Les succès des extrêmes droites et des droites extrêmes semblent annoncer la glaciation du monde. Des partis d’extrême droite accèdent au pouvoir dans toutes les régions du monde avec Bolsonaro, Orban, Dutertre, Modi, Trump, et d’autres. Les idées d’extrême droite n’ont pas été aussi présentes et fortes depuis la deuxième guerre mondiale ; elles sont dominantes dans des secteurs dominants des médias.

Nous sommes engagés dans une bataille pour l’hégémonie culturelle particulièrement violente. Comme l’affirmait Gramsci, elle est essentielle. Cette bataille pour l’hégémonie culturelle oppose violemment deux conceptions du monde ; d’un côté l’identitarisme et le sécuritarisme, de l’autre l’égalité et la solidarité. La bataille porte sur les libertés avec d’un côté les libertés individuelles et collectives et de l’autre une conception individualiste et libertarienne.

Dans cette situation, les contradictions s’aiguisent. Faisons l’hypothèse que la montée des idées d’extrême droite est une réaction au sens propre du terme. Elle traduit un refus violent et un affolement par rapport aux nouvelles radicalités portées par les nouvelles générations sur les questions du féminisme, du refus du racisme, de l’urgence écologique. Les indices ne manquent pas. Alors que les extrêmes-droites s’affolent, une mapuche est élue présidente de l’assemblée constitutionnelle au Chili. Et en France, malgré les campagnes hystériques, 60% des sondés sont pour élargir le droit de vote à tous les résidents. Et l’islam et les migrations arrivent au dixième et treizième rang des préoccupations des français.

La nouvelle situation aux États Unis permet quelques réflexions. Même si Trump n’a pas été réélu, les dangers sont toujours là. La défaite de Trump n’est pas seulement une victoire de l’élite états-unienne, elle a aussi montré la capacité d’une nouvelle gauche de peser en situation. C’est la stratégie de DSA, Democratic socialist of Americas, représentée par quatre jeunes femmes racisées, dont Alexandra Ocasio-Cortiz, et Bernie Sanders. Les DSA sont moins de 40000, surtout à New York et en Californie. Elles et ils ont réussi à peser et à pousser Biden à infléchir sa politique vers une option de type Roosevelt plutôt que Clinton. Pour cela, Elles et ils ont relayés deux mouvements majeurs : Me Too et Black Live Matters. Elles et ils ont traduit une nouvelle orientation, celle du internationalist Green New Deal. Il s’agit d’une ouverture vers la construction d’un bloc de mouvements porteurs de radicalités nouvelles : les mouvements ouvrier et syndical, paysans, féministe, écologiste, des peuples autochtones, contre le racisme et les discriminations

Ces nouvelles radicalités s’inscrivent dans la poursuite du mouvement de la décolonisation. La décolonisation n’est pas achevée. La première phase de la décolonisation a été celle de l’indépendance des États, elle a réussi mais on en voit les limites. La deuxième phase commence, celle de la libération des nations et des peuples. L’avenir est à inventer.

Gustave Massiah


à suivre….

Si le débat fut dense, ce dossier laisse sur la faim et donne envie de creuser bien des aspects. Nous avons du remiser dans les interventions plus d’un sujet. Chacun.e peut certes les écouter à partir du site ceriseslacooperative.info mais nous pourrions poursuivre la réflexion, l’approfondir. Changer au quotidien, rompre avec le capitalisme, porter une cohérence d’idées, fédérer en respectant chacun.e, du modèle économique à la transgression autogestionnaire, que d’éléments d’un rhizome pour construire des possibles.

Le conseil éditorial de Cerises en débattra et choisira quels thèmes aborder afin de donner une suite à ce dossier qui ouvre bien des perspectives. Et il appartient maintenant à chacun.e d’entre nous d’ajouter une page à ces jolies perspectives.

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