Le « marxisme militant » a longtemps pensé LA civilisation, au singulier : les différences entre les sociétés renvoyaient à l’« avancement » de chacune sur une trajectoire unique vers le « communisme universel» … Ce modèle théorique s’effondra avec l’URSS.
Et l’on se trouva fort dépourvu quand le capitalisme néolibéral agita l’épouvantail de la « guerre des civilisations » pour arracher le consentement à la standardisation marchande du monde. Du coup, on a la « marchandisation guerrière » et « l’écocide ».
Regarder d’où l’on vient peut aider à s’inventer un autre avenir, peut-être ?
« Une histoire des civilisations » écrite par des archéologues a cet avantage de s’en tenir à la matérialité des traces qu’ont laissées nos ancêtres depuis l’émergence du genre homo, il y a entre 3 et 2,5 millions d’années, et de ne rien essentialiser.
Comment une humanité unique, explorant l’infinité du monde, invente, chemin faisant, une multitude de civilisations, comme autant de réponses adaptatives – et évolutives – à des circonstances particulières.
Où l’on découvre, accessoirement, comment, à rebours de « l’émiettement disciplinaire » qui mine l’Université, l’archéologie est le lieu d’une transdisciplinarité vivace et prometteuse.
Fred Bouviolle
Jean-Paul DEMOULE, Dominique GARCIA, Alain SCHNAPP (dir.), Une histoire des civilisations – Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, co-édition INRAP- La Découverte, 2018. (700 p., 49 €)
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