L’actualité ne cesse de confirmer une tendance croissante du capitalisme à l’autoritarisme. On le constate du côté des démocraties libérales, comme en témoigne l’augmentation de la répression policière et judiciaire contre les mouvements sociaux en France ou l’évacuation toute récente du quartier d’Exarcheia à Athènes. Mais on assiste aussi à l’émergence de régimes qui, tout en se réclamant de la démocratie, n’hésitent plus à museler, voire emprisonner, leur opposition. C’est le cas en Russie ou en Turquie. L’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro au Brésil, dont le discours anti-écologiste et anti-amérindien n’est pas sans lien avec la multiplication des feux de forêt en Amazonie, s’inscrit dans cette veine. L’Angleterre n’a pas besoin de l’extrême-droite pour que l’honorable leader conservateur et la très honorable Reine suspendent les droits du parlement. Nous avons aussi ce surprenant et inédit régime chinois dirigé par un parti communiste qui a su, brillamment, engager son pays dans un capitalisme florissant. Ici le lien, même ténu, entre démocratie et capitalisme n’existe plus : le régime chinois rejette ouvertement le concept de démocratie, ce qui n’est pas sans provoquer des dégâts dans l’application de l’accord de rétrocession « Un pays, deux systèmes » de Hong-Kong à la Chine.
Cette évolution générale du capitalisme mondial est l’expression de la difficulté du capital à se valoriser qui ne passe que par des anticipations spéculatives de dividendes. Dans une période de faible croissance mondiale, pour que les investisseurs y croient, il faut une pression incessante sur les salaires et il y a de moins en moins de place pour les libertés syndicales et la contestation. Du coup, la défense et l’extension de la démocratie ne peuvent passer que par un dépassement du capitalisme, dans lequel les travailleurs passeront d’un statut de subordination à celui d’acteur décisionnaire. C’est le sens des trois séances de débats qui se sont déroulées cette année sur la notion même de démocratie, initiées par les membres du réseau Se fédérer pour l’émancipation. Le premier concernait la démocratie économique, le second l’exercice de la démocratie, nous rendons compte du dernier dans ce numéro, qui a porté sur : « S’organiser : une question essentielle si nous voulons sortir du capitalisme »…
Un jour, l’ultralibéralisme que nous vivons mondialement sera jugé comme crime contre l’humanité