Osons penser un autre monde

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Josiane Zarka

Cette visée tardant à se construire, Le débat tend à se réduire à l’opposition « libre-échange » ou « protectionnisme ». Aucun des deux systèmes n’est capable de régler les problèmes sociaux et environnementaux auxquels les peuples sont confrontés.  Les mesures douanières proposées par les protectionnistes ne règlent rien car elles pénalisent surtout les États, alors que les agents essentiels de la mondialisation sont désormais les firmes transnationales. Le libre-échangisme et la mondialisation ne sont pas, en soi, les causes des injustices sociales, du chômage et de la désindustrialisation, même s’ils sont des instruments de leur aggravation. Ces maux résultent de la politique du capital à l’échelle mondiale qui vise à réduire le coût du travail par la mécanisation, la financiarisation et les délocalisations.

Penser un au-delà du capitalisme implique de s’interroger sur la nature des relations internationales et de les repenser dans une nouvelle cohérence intégrant la diversité des situations : le rapport capital/travail, le développement, les échanges et les coopérations entre les peuples, la réorientation et la maitrise des flux de capitaux ainsi que le droit et les institutions internationales démocratiques.

Précisons les concepts : La solidarité internationale, par exemple, ne doit pas être entendue comme une valeur morale mais comme la conséquence de l’interdépendance des peuples, impliquant une responsabilité commune et un intérêt mutuel des peuples sur les questions d’environnement, de guerre et de paix, de développement scientifique, médical et technologique Ce principe de solidarité ainsi entendu, devrait présider également aux échanges de marchandises et de services et aux flux de capitaux.

Enfin, la démocratie réelle est incontournable car la participation de tous à égalité de droit est indispensable à la réussite d’un tel processus. Or, on constate une désaffection, voire une défiance vis-à-vis du droit international et des institutions mondiales, notamment de la part des peuples qui n’ont pas été associés à leur élaboration et qui ont souvent été victimes de violation de ces droits par ceux-là même qui les ont élaborés.

Il ne s’agit pas de vœux pieux mais d’inscrire nos combats dans une visée qui leur donne du sens et permet d’éviter des confusions et des fausses solutions : certains pays émergents, pensant résoudre le problème de leur développement, s’engagent dans le système actuel de libre-échange au nom du « commerce juste », alors que, de fait, ils s’inscrivent dans la mise en concurrence des peuples.  

Monique Chemillier Gendreau[1] remarque : « La guerre en Ukraine, La crise écologique et la crise sanitaire ont mis en lumière l’insuffisance des solutions nationales et que la société internationale ne disposait pas des institutions et des outils capables d’affronter ces menaces… Ce n’est plus à l’échelle d’un continent, mais à l’échelle du monde qu’il faut repenser le droit et des institutions démocratiques à portée universelle permettant de contrer les dominations et de protéger les peuples et la planète »

On ne part pas de rien. Le mouvement altermondialiste s’est doté d’un corpus qui repose sur les principes de solidarité, de coopération et d’internationalisme. Il vise un système où les « communs » ne sont pas des marchandises ; où des droits et des régulations s’imposent aux acteurs économiques et où la souveraineté des États ne peut être remise en cause par les forces du marché. Des expérimentations se développent à travers le monde : commerce équitable, circuits locaux, économie sociale, systèmes d’échanges locaux, Taxe Tobin.

Osons penser le monde tel que nous voudrions qu’il soit.

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[1] Monique Chemillier-Gendreau est professeure émérite de droit public. Elle a notamment publié Droit international et démocratie mondiale : les raisons d’un échec, Paris, Textuel, 2002.

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