Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Et l’ère coloniale entendit sa fin à Bandung…

C’était le 18 avril 1955, s’ouvrait la conférence de Bandung en Indonésie.

L’idée d’une Conférence des pays-afro-asiatiques se concocte dès la fin de la seconde guerre mondiale. Il faut dire que l’après guerre voit la montée de la revendication indépendantiste. Arrachent leur indépendance, l’Inde en 1947, la Birmanie en 1948. l’Indonésie en 1947. De surcroît la signature des accords de Genève, dans la nuit du 20 au 21 juillet 1954, scelle l’armistice et l’indépendance du Vietnam, du Laos et du Cambodge. C’est donc désormais une trentaine de pays d’Asie qui sont indépendants. L’indépendance est dans l’air !

Le dit Groupe de Colombo rassemble la Birmanie, l’Inde, l’Indonésie, le Pakistan, et Ceylan (désormais Sri Lanka), il est à l’initiative pour donner naissance à un évènement rassemblant l’Afrique et l’Asie. Il s’agit de mettre un terme au colonialisme notamment en l’Afrique si peu avancée en ce sens en regard de l’Asie.

C’est ainsi que se trouvèrent ou retrouvèrent 29 pays, 15 d’Asie : Afghanistan, Birmanie, Ceylan, République populaire de Chine, Inde, Indonésie, Népal, Pakistan, Philippine, Thaïlande, les deux Vietnam. 9 pays du Moyen- Orient : Arabie Saoudite, Égypte, Iran , Irak, Jordanie, Liban, Syrie, Turquie, Yémen. 5 pays africains : Ghana , Éthiopie, Liberia, Libye, Somalie, Soudan).

Sont aussi présents à Bandung des cadres militants, ainsi qu’une trentaine de dirigeants de mouvements de luttes anticoloniales, ils sont en situation d’observateurs. Selon les articles de presse du moment c’est plus d’un millier de personnes qui se feront les porte-voix de ceux qu’on appellera le tiers-monde, une expression, aujourd’hui repoussée. Elle était conceptualisée par le démographe et économiste français Alfred Sauvy.

Parmi le millier de participants, la presse française n’a pas manqué de souligner la présence de personnalités majeures, ainsi de Jawaharlal Nehru premier ministre indien, de Gamal Abdel Nasser en passe de devenir président de la République égyptienne, ainsi que de Zhou Enlai, compagnon de lutte de Mao Zedong, qui fut premier ministre de la république populaire de Chine, de 1949 à sa mort en 1976.

Parmi les principales décisions prises lors de la conférence de Bandung sont en tout premier lieu l’action pour la décolonisation et l’émancipation des peuples d’Afrique et d’Asie. Viennent ensuite l’action pour la coexistence pacifique et le développement économique, la non-ingérence dans les affaires intérieures, notamment de l’ex-puissance colonisatrice. Si la conférence appelle très fermement à la condamnation de l’impérialisme en général, elle lance un appel très vif à contribuer à briser l’apartheid en Afrique du Sud. Enfin, elle appelle à la lutte et au soutien des pays non encore redevenus indépendants tout en privilégiant la solution pacifique et la négociation au conflit armé.

Il n’y a pas eu de « Bandung 2 » mais en avril 1955 Bandung, la Conférence de l’Afrique – Asie, à l’abri des logiques coloniales occidentales a rapproché et donc renforcé les « damnés de la terre » dans leurs combats anti-impérialistes. On empruntera néanmoins à l’économiste Samir Amin, la remarque qu’il exprima quant à Bandung : « ce qui rapprochait les 29 pays réunis à Bandung, c’était le rêve qu’ils nourrissaient tous, celui de compléter la « reconquête » de leur indépendance politique par la reconquête d’une indépendance économique et sociale. Pour les dirigeants nationalistes, l’indépendance politique reconquise n’était que le moyen, la fin étant la liberté économique ».

Catherine Destom Bottin

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