Prioriser l’irrigation pour relocaliser l’alimentation.
Seulement 7% de la surface agricole utile en France est irriguée, dans le Gers c’est 7ha sur 8 qui ne sont pas arrosés. Cette réalité témoigne des énormes tensions liées aux évolutions climatiques et au développement de l’agriculture intensive. L’irrigation booste les rendements des cultures à des fins d’exportations et énergétiques pour alimenter les méthaniseurs.
L’accès à l’eau pour les paysans et paysannes en productions locales maraîchères ou fruitières ou tout simplement pour l’abreuvement des animaux n’est pas garantie. Pour la Confédération Paysanne, l’eau d’irrigation doit prioriser les productions qui garantissent la souveraineté alimentaire.
Il faut donc plafonner les volumes d’irrigation pour protéger et répartir l’eau. Or Emmanuel Macron a annoncé dans son plan eau « Pas de baisse des prélèvements en eau pour l’agriculture ».
Le projet de loi d’orientation ne remet pas en cause les modalités actuelles d’irrigation. Notre syndicat n’est pas associé à la gouvernance de l’eau, nous n’avons pas de siège au comité national de l’eau ni aux comités de bassins. Les représentants sont ceux du syndicat majoritaire qui prône l’agro-industrie.
Pourtant l’agriculture paysanne offre des solutions concrètes pour préserver l’eau en quantité et en qualité :
- Par des pratiques culturales qui protègent la vie des sols, limitent l’érosion et le lessivage comme les couverts végétaux, les prairies permanentes, les semis de couverts, la réduction des pesticides
- En favorisant les fertilisations organiques, les rotations culturales, l’équilibre élevage/culture, les variétés.
- En développant des infrastructures agro écologiques comme les bandes enherbées, les haies, les landes, bois bosquets, zone humide.
- Par la pratique elle-même de l’irrigation, paillage, binage, goutte à goutte, irrigation nocturne pour éviter l’évaporation
La pratique de l’agriculture paysanne apporte des résultats sur le long terme. Il faut donc prendre le temps de bien faire en changeant le modèle agricole mortifère actuel.
Les politiques gèrent sur un temps court au rythme des élections et dans l’entre soi du cartel FNSEA, chambres d’agriculture, coopération agricole, crédit agricole.
Nous sommes optimistes car la société civile est avec nous. Ensemble nous devons nous mobiliser pour faire entendre la voix du bon sens paysan.
Sylvie Colas, secrétaire nationale de la Confédération Paysanne et Co-porte-parole de la confédération paysanne du Gers.
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