En Californie, les champs sont vides. Les ouvriers agricoles immigrés se cachent. Les vidéos montrant la police de l’immigration (ICE), lourdement armée, pourchassant des travailleurs sans papiers jusque dans les immenses champs de fraises californiens ont révolté la population. 60 % des 255 000 travailleurs de la terre seraient sans papiers et la politique anti-immigrés de Trump inquiète également l’agro-business qui voit sa main-d’œuvre à bon marché en danger. Après que des millions de personnes aient manifesté contre Trump avant son défilé militaire extravagant qu’il a organisé pour son anniversaire le 14 juin, le président a ordonné aux forces de l’ordre fédérales de doubler les opérations d’expulsion dans les villes démocrates telles que Chicago, New York et Los Angeles, suggérant qu’il considère les expulsions massives comme un moyen de cibler aussi ses opposants politiques. De plus le projet de loi budgétaire du Parti républicain prévoit 75 milliards de dollars de financement supplémentaire pour l’ICE, la police anti-immigrés.
Le mouvement syndical se mobilise
Comme un peu partout dans le pays, le mouvement syndical de la région de Seattle s’est mobilisé pour défendre ses membres immigrés arrêtés. Par exemple la section locale 925 du syndicat SEIU a annoncé que Lewelyn Dixon avait été libérée après avoir été détenue par l’ICE pendant trois mois. Un juge de l’immigration a statué que Dixon ne pouvait pas être expulsée. « Grâce à la mobilisation de nos communautés et à l’exercice du pouvoir populaire, Lewelyn Dixon est libre», a déclaré son syndicat dans un message publié sur Facebook. A Tacoma [État de Washington), le mouvement syndical a récemment organisé plusieurs rassemblements devant la prison pour immigrants. Plus tôt, deux cents travailleurs avaient participé à une manifestation organisée par le conseil syndical pour soutenir Dixon et Juarez Zeferino, un leader syndical militant de l’organisation Familias Unidas por la Justicia. Mylo Lang, apprenti machiniste chez Boeing, se réjouit de la solidarité croissante des syndicats avec les immigrants. Il a contribué à l’organisation d’une marche le 1er mai à Tacoma qui a rassemblé 1 000 personnes. Les manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville, ont écouté les dernières nouvelles concernant les luttes des employés des supermarchés et des enseignants, puis ont défilé jusqu’au centre de détention. Début juin David Huerta, président du SEIU Californie (750 000 membres) et du SEIU-United Service Workers West, a été gravement blessé et arrêté lors d’un raid de l’ICE à Los Angeles alors qu’il observait les méthodes des policiers. Depuis il a été libéré suite à la mobilisation nationale des syndicats américains. Ce dernier incident indique que l’administration Trump est décidée à un affrontement avec le mouvement ouvrier et les mouvements sociaux. Quel qu’en soit le prétexte. À cette fin, outre la brutalité des méthodes, la militarisation des forces de répression, avec par exemple l’envoi de 700 Marines à Los Angeles, s’accélère avec l’enjeu de l’usage de la Garde nationale entre le gouvernement fédéral et les États aux mains de démocrates. Mais les meilleures ressources de la résistance restent dans le mouvement syndical et social.
Patrick Le Tréhondat
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