Joëlle, qui nous émut par son journal de Palestine à l’automne 2023, a beau savoir ce que c’est que la guerre, les questions fusent sans réponses autres que d’autres souvenirs. AP
Au quotidien ? Ici ? Là ? Partout ? Toujours ? Pour certains seulement ou pour tout le monde ?
Guerre et paix : dissociables ou mêlées ?
Tout le monde dit vouloir la paix, mais quelle paix ? La paix des cimetières est une forme de paix. L’ordre imposé, s’accommodant si bien de toutes les formes d’injustices, est considéré par certains comme une forme de paix…
La guerre se définit-elle uniquement par le bruit de armes ? La misère et la famine régnant dans le monde ne sont-elles pas une forme de guerre ? N’y sommes-nous pas déjà depuis longtemps ?
La guerre ne naît-elle pas dans la paix, de la forme de paix que l’on se choisit ?
Mais choisit-on vraiment quand les grands médias castrent l’information, décourageant par avance toute réflexion éclairée ? Caricature permanente de « l’autre ». Utilitarisme, nationalisme. Règne de l’impensée. Force du droit ou droit de la force ?
Ce n’est pas une nouveauté, depuis la 14-18 jusqu’au génocide au Rwanda, en passant par les guerres coloniales, toutes les atrocités ont d’abord existé dans la tête des hommes, dans la tête formatées des hommes. Formatée par d’autres hommes, à coups de haine, d’indifférence aux autres, d’habitude. D’intérêts économiques cachés, aussi, surtout.
S’habituer (être habitué) peu à peu à l’idée que tout équivaut à tout, que c’est loin, que nous ne serons jamais impactés, que de toute façon « on est si peu de chose », que « ça a toujours été comme ça et qu’on n’y peut rien » …
Déprimer ou sourire ?
Rester au bord du chemin, l’observer d’un regard aveugle. En attendant d’être rattrapés ?
Pourtant, tous les signaux sont là. Toujours.
«Nous cheminons vers le sens dans la mesure où nous habitons en poètes sur la terre », disait Hölderlin. Soulever les coins du tapis, de tous les tapis. Chercher la boussole.
*
« J’aimais ton rire, charmante Elvire » nous disait l’ami Serge.
C’était un temps où « les hommes se foutaient de tout. Pour eux la vie c’était qu’du cinéma ».
J’aime ton rire charmante Elvire, sur Tic Toc, Facebook, Insta et cætera.
« Les loups étaient loin de Paris ». On pouvait manger le rôti du dimanche, faire du shopping ou de la planche.
Mais « Deux loups sont entrés dans Paris. Le deuxième n’avait que trois pattes, c’était un vieux loup des Carpates ». La guerre était si lointaine, une affaire de barbares.
« Il fit faire gras à ses enfants et leur offrit six ministères ». Combats sociaux d’arrière-garde, adaptabilité, trafics d’influence, spécialistes, politologues, guerrologues. Laissons faire ceux qui savent.
« Attirés par l’odeur du sang, il en vint des mille et des cents ». Bavures policières, ça ne nous concerne guère. Chacun son opinion, tous mignons. Bon verre de vin devant la cheminée, SDF au pied de l’escalier. Exilés détestés. La paix des graves.
« Tu peux sourire, charmante Elvire ». Si joli le feu d’artifice des bombes sur l’écran, de toute façon ils l’ont bien cherché ! Et toutes ces tombes à vous couper l’appétit, qu’ils aillent se faire foutre avec leur génocide !
Pic et pic et colère gramme, bourre et bourre et rata drame. Bataclan et rantanplan : pourquoi nous, ils sont fous ?!
Le début de la chanson était joli, on avait envie d’y croire. Et, paf, le miroir ! Elvire en louve hurlant avec les loups ?
Pourtant, ton sourire était si joli, charmante Elvire…
Autre espace, autre temps ? Et moi et moi et moi ?
Cher Serge, que revienne le temps « de l’amour et de la fraternité ».
A lire également
Inconnu au bataillon
Obsolescence du capitalisme, immédiateté de la visée, rapport de force
Que nous disent les luttes…?