La coopérative de débats.

L’espace où vous avez la parole.

Pour mémoire

J’espère qu’on se souviendra de ce moment : d’une part les médias au ordres de la trêve olympique, d’autre part la formation (ou non-formation) d’une gouvernement de droite sous contrôle de l’extrême droite – précisément de la succession étroite, l’enchaînement de ces deux séquences.

La trêve, d’abord. Le président a demandé une pause dans l’actualité politique. Du temps pour lui. Pour manœuvrer à une division du « nouveau front populaire » qui persiste à postuler. Pour imposer avec le temps l’évidence de son coup – la non-nomination d’une première ministre issue du groupe parlementaire majoritaire.

Il a été obéi, somptueusement. De quelle manière précisément ? Partout, journaux, radios et télés : médailles, médailles, France, France, français. Qu’importe la couleur de la médaille, pourvu qu’elle soit française. Bronze ? On ne saura même pas qui, de quel équipe nationale, aura décroché la première place, ni la deuxième.

Nous aurons donc eu plusieurs semaines, à jet continu, de médias authentiquement nationaux. Le système médiatique d’extrême droite existe, nous l’avons vécu.

Et puis, la nouvelle puissance de la PME Le Pen et de ses troupes disciplinées. C’est au vu de tous, et la nouvelle évidence : le gouvernement – de M. Barnier ou de qui d’autre lui succèdera – a son existence suspendue au bon vouloir des députés du RN qui voteront ou non une motion de censure.

C’est la situation : nous sommes passés d’une évidence, les médailles nationales, l’unanimité nationale, à une autre, le « rassemblement » – national, précisément.

Ceci aura préparé cela.

N’oublions pas. Chaque commentateur sportif dévoué aux ordres, chaque esthète du geste et de l’effort – mais des seuls nationaux –, chaque rédac’chef, chaque directeur de rédaction transmettant les ordres et veillant à leur respect est responsable, personnellement responsable de ce désastre, de ce chauvinisme porté à l’hystérie. Nous sommes prévenus. Ils se sont vautré. Ils se vautreront.


Repris du blog de l’auteur sur Médiapart, avec son autorisation

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