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Un pas décisif pour l’unité palestinienne

(Article repris du blog de l’auteur sur Médiapart, avec son aimable autorisation)

En avril 2024, à l’invitation de la Chine, le Fatah et le Hamas se sont rencontrés afin de promouvoir l’indispensable unité palestinienne. Dans le prolongement de cette rencontre, quatorze organisations politiques palestiniennes se sont réunies à Pékin du 21 au 23 juillet pour élaborer une plateforme d’unité nationale dans le cadre de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), seul représentant légitime du peuple palestinien. L’OLP intégrera les partis qui n’en sont pas encore membres notamment le Hamas. L’unité est une condition fondamentale pour faire avancer la cause palestinienne.

La Chine entend intervenir activement au Moyen-Orient sur la question centrale de la Palestine comme elle l’a fait pour réconcilier l’Arabie Saoudite et l’Iran.

La déclaration finale signée par les 14 organisations ne se contente pas de rappels de principe.

Elle appelle à la constitution d’un Etat palestinien souverain sur les territoires occupés par Israël lors de la guerre de juin 1967 – Cisjordanie, Gaza, Jérusalem-Est – conformément aux résolutions de l’ONU. Le 19 juillet quelques jours avant la déclaration de Pékin, la CIJ appelait à mettre fin au plus vite à l’occupation illégale et la colonisation par Israël de ces territoires.

Trois étapes interdépendantes sont définies : d’abord un cessez-le-feu global et durable à Gaza permettant l’acheminement de l’aide humanitaire et des secours, puis la mise en place d’une gouvernance conjointe selon le principe “les Palestiniens gouvernent les Palestiniens” afin d’entreprendre la reconstruction de Gaza et de préparer des élections générales dès que possible. La troisième étape consiste en une mobilisation internationale pour que la Palestine devienne un membre à part entière de l’ONU et pour commencer la mise en œuvre de la “solution à deux États”.

La déclaration souligne la nécessité d’une conférence élargie, sur le plan régional et international, sous les auspices de l’ONU. C’est un signal adressé aux Etats-Unis pour leur soutien massif, inconditionnel à Israël et leur prétention à dicter leurs conditions aux Palestiniens.

La Chine appelle tous les pays à soutenir ce processus. On peut s’attendre à un large soutien du Sud global et d’une opposition résolue des Etats-Unis, Israël et de leurs principaux alliés occidentaux. Quelle que soit leur capacité de nuisance, la plateforme pour l’unité palestinienne demeure.

Le refus de la gouvernance palestinienne

Les Etats-Unis exerceront toutes les pressions possibles – financières, diplomatiques, militaires – pour faire échec aux objectifs de cette plateforme et diviser les Palestiniens. Le Hamas et d’autres sont qualifiés d’organisations terroristes dans le but de les éliminer de toute issue politique. Mais pour les palestiniens le Hamas est un mouvement de résistance, pas question de l’écarter de la gouvernance.

En outre les EU, avec l’aide d’Israël,  veulent imposer leurs options politiques pour cette région stratégique qu’est le Moyen-Orient sans immixtion de la Chine, de la Russie ou même de l’ONU. Mais il n’est pas certain qu’elle en ait les moyens.

Pour Israël il faut maintenir la séparation entre Gaza et la Cisjordanie et empêcher toute gouvernance palestinienne même provisoire et la création d’un Etat palestinien. Le génocide des gazaouis et les assassinats en Cisjordanie se poursuivent. Les négociations pour un cessez-le-feu sont dans l’impasse. Le Premier ministre du Qatar, cheikh Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, s’est interrogé sur la poursuite de la médiation après l’assassinat de Ismail Haniyeh. « … comment une médiation peut réussir lorsqu’une partie assassine le négociateur de l’autre partie ». En fait malgré les pressions et protestations toujours plus fortes d’une partie de la population, les dirigeants israéliens ne sont intéressés en premier lieu ni par un cessez-le-feu ni par la sécurité des otages.

La fuite en avant

Malgré le génocide en cours à Gaza Israël ne vient pas à bout du Hamas. C’est donc la fuite en avant dans une guerre étendue à la région que provoque Israël par les assassinats du dirigeant du Hezbollah, Fouad Shukr, et du Hamas, Ismail Haniyeh, dans les capitales Beyrouth et Téhéran. Il est probable que le Hezbollah et l’Iran riposteront directement avec l’aide possible de leurs alliés dans la région. Les Etats-Unis ont déclaré qu’ils interviendront pour défendre Israël et renforcent leur dispositif militaire dans la région. Ce qui risque de conduire à l’attaque des bases états-uniennes en Irak et Syrie. Grisé par son impunité et la protection des Etats-Unis, Israël est prêt à mettre le feu à la région.

31 juillet 2024

Robert Kissous, militant associatif

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