Dans un récent article paru dans l’Huma , Marie-José Sirach , rendant compte de la clôture du 78ème Festival d’Avignon , écrivait : ” La démocratie demande du courage ” .
Peut-être pensait-elle à cet héritage grec antique , où théâtre , démocratie et politique ont commencé leur dialogue , d’où nous sommes issus pour une part .
Sans doute désignait-elle aussi le temps présent .
Je suis en accord complet avec son constat, ô combien d’actualité .
Et de voir évoquée par ailleurs – par la Fondation Copernic – la nécessité urgente de l’instauration d’un Parlement-Agora et d’une Assemblée populaire du NFP pour refonder une démocratie vivace face à la dérive mortifère où l’avatar libéral macroniste emporte la ” République ” , me permet de préciser quelques points à ce sujet .
– certes beaucoup , à gauche , s’accordent pour constater le déficit de démocratie à tous les échelons de la vie du pays , mais qu’en est-il de leurs propositions concrètes pour , prioritairement , y remédier , y compris et peut-être prioritairement , dans leur fonctionnement partisan ?
– ce constat est le fruit d’une prise de conscience à laquelle la société civile a largement contribué depuis des décennies ( syndicats , associations , forums et collectifs citoyens divers , etc) devant l’impéritie voire l’immobilisme de la plupart des acteurs “historiques” de la vie politique nationale quant aux alternatives urgentes que ce constat nécessitait. Je citerai à ce sujet – entre autres – le travail de fond mené par les associations d’éducation populaire , locales ou nationales. Le concept même d’éducation populaire est en passe d’être jeté aux oubliettes , dans nos échanges mêmes , pour certains . Il y avait là les germes d’une éducation politique non pas pour le peuple mais par le peuple ; à laquelle il nous il faudra pourtant revenir, pour l’amplifier et l’émanciper .
– sans nourrir aucun procès d’intention , force est de constater que les dynamiques politiques nécessaires pour opérer ces alternatives ne sont pas mises en œuvre de manière lisible et efficace. Je ne pense pas que les formes de démocraties “pétitionnaires” dont nos réseaux sont submergés, ni les forums “zoom” ( ! ) numériques, inaccessibles à beaucoup de citoyens non privilégiés et qui pourtant auraient plusieurs “mots à dire” et à échanger, suffiront. Je pense même qu’ils participent, malgré eux , à l’éloignement de beaucoup d’entre nous de la pensée et de l’action politique , donc à son morcellement
– et que dire de cela, que beaucoup de partis politiques n’ont pas su, ou pas voulu, révolutionner leurs fonctionnements et leurs propres pratiques instituantes leur permettant de devenir les acteurs de ces évolutions devenues indispensables et capables de redonner à chacun d’entre nous cet appétit si nécessaire à la transformation de la res publica, de la politique, de la “gestion de la Cité”… Trop d’entre eux se contentent de camper sur les acquis que d’autres, avant eu , avaient fondés pour forger en leur temps les outils de la transformation sociale et politique, donc culturelle. Il a y là des champs contemporains immenses à investir pour sortir de ces marais d’immobilisme qui nous cernent, et menacent nos vies en société.
– des agora , oui , partout , maintenant , et non pas ” à côté ” mais ” avec ” , et où des nouvelles règles de mises en commun des décisions , depuis leur élaboration, sont à fonder , ensemble – des assemblées populaires , oui , et ouvrant à une permanence de vigilances citoyennes, à des délibérations inédites, et non aléatoires, dans les quartiers, les départements, les régions, la nation . J’ajoute : “et au contrôle rigoureux de leurs mises en œuvre effectives” …
A la pensée de MJ Sirach , j’ajoute donc celle-ci : la démocratie a besoin, oui, de courage, et, tout autant, de courage pour l’effort politique nécessaire, ce sans quoi notre corps social continuera à sombrer, mollement ou violemmen , dans et pour le pire… qui guette .
Marc Lacreuse . 23 juillet 20
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